Journal of Thoracic Oncology

Sevrage tabagique lors du dépistage du cancer du poumon : une étude randomisée

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
septembre 2019

Prévention, Dépistage

L’étude NLST a montré que le tabagisme diminue pendant et après une campagne de dépistage (cliquer ici) et  la plupart des recommandations suggèrent d’associer au dépistage une incitation forte à cesser de fumer. Dans ce contexte, l’étude randomisée que nous commentons ici a étudié l’impact d’un programme de conseil téléphonique pour la cessation du tabac chez des fumeurs actifs inclus dans un programme de dépistage dans le cadre d’une étude de cohorte canadienne, l’Alberta Lung Cancer Screening Study.  Ce programme a été conduit dans une cohorte de 806 personnes qui, comme dans l’étude NLST, ont été dépistés par 3 scanners annuels. Ils étaient jugés éligibles :

  • soit s’ ils avaient les critères du NLST : âge de 55 à 74 ans, tabagisme cumulé d’au moins 30 PA et, s’il était interrompu, devait l’être depuis un maximum de 15 années,
  • soit s’ils étaient âgés de 55 à 80 ans  et avaient un risque de cancer à 6 ans  calculé selon le modèle PLCO2012 d’au moins 1,5%. 

Les participants de cette étude dont le tabagisme restait actif et qui acceptaient de participer à cette étude sur la cessation tabagique étaient randomisés sur un mode 1/1 entre :

  • soit un bras expérimental basé sur 7 interventions téléphoniques informant des résultats des scanners (positif ou négatif) et apportant des conseils sur les motivations et les modalités de traitement par dérivés nicotiniques en vue d’un sevrage tabagique. 
  • Sort  une information « usuelle ». 

La participation à cette étude des fumeurs de cette cohorte était volontairement  limitée à 800 personnes. Le pourcentage de personnes acceptant l ‘étude était estimé à 50% ; il était prévu de réaliser une étude avec 200 personnes par bras. 

L'objectif principal était le taux d’abstinence d’au moins 30 jours à 1 an.

Finalement 345 participants ont été randomisés, 171 (dont 126 ont eu au moins 1 entretien téléphonique) dans le bras expérimental et 174 dans le bras contrôle.  

Aucune différence significative de sevrage tabagique à 12 mois n’a été notée puisqu’un sevrage tabagique d’au moins 1 mois a été noté à un an chez :

  • 22 des 174 personnes du bras contrôle du bras, c'est à dire 12,6% des participants
  • Et 24 sur 171 (14%) personnes du bras expérimental. 

Aucune différence n’était non plus notée à 6 et 24 mois.

Cette étude menée chez un effectif de 345 participants na pas démontré que des contacts téléphoniques répétés permettent d’augmenter le taux de sevrage tabagique.  Parce que les effectifs de cette étude sont très réduits, nous pensons que ces résultats ne remettent nullement en cause l’impact de la connaissance des résultats du scanner sur le sevrage tabagique qu’a bien montré l’étude NLST sur plus de 16 000 fumeurs dans l’article cité plus haut (cliquer ici)

La meilleure stratégie qu’il faut intégrer dans un programme de dépistage reste donc à trouver … 

 

Reference

A Randomized Controlled Study of Integrated Smoking Cessation in a Lung Cancer ScreeningProgram.

Tremblay A, Taghizadeh N, Huang J, Kasowski D, MacEachern P, Burrowes P, Graham AJ, Dickinson JA, Lam SC, Yang H, Koetzler R, Tammemagi M, Taylor K, Bédard ELR.

J Thorac Oncol. 2019 Sep;14(9):1528-1537

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer