A tabagisme égal, il semble bien que le risque des femmes soit supérieur

Plus de 80% des cancers broncho-pulmonaires sont en relation avec le tabagisme et dans le monde 250 millions de femmes au moins fument. Plus encore, dans certains pays européens le tabagisme des femmes dépasse maintenant celui des hommes.

Par ailleurs de nombreuses études extrapolent le risque des cancers de la femme à partir d’études faites chez l’homme. Or, s’il est maintenant démontré que le risque coronarien de la femme, à quantité de tabac égale, excède de 25% celui de l’homme, en ce qui concerne le cancer broncho-pulmonaire, la situation est moins claire (/des-propositions-pour-la-future-nouvelle-classification-tnm-le-t). 

Cette étude anglaise tente de répondre à cette question par une étude cas contrôle menée à partir d’un registre tenu par des médecins généralistes sur une période de plus de 9 ans. Les cas sont constitués de plus de 12 000 cancers (41% de femmes) et les contrôles n’ont bien sur pas de cancer broncho-pulmonaire et sont appariés par sexe, année de naissance et médecin généraliste.

Tabagisme

Les définitions de fumeurs, anciens fumeurs ou non fumeurs sont connues de tous. La quantification du tabagisme est celle qui a été utilisée dans ce registre : léger (1-9 cigarettes/jour), modéré (10-19 cigarettes/jour) et important (≥ 20 cigarettes/jour).

Plus de femmes étaient non fumeuses (41 vs 25%) et plus d’hommes avaient un tabagisme important (19 vs 15%). Il y avait autant de fumeurs légers ou modérés dans les deux groupes mais le nombre de cancers était supérieur chez les femmes.

Tabagisme et risque selon le sexe

Ce risque est présenté en odds ratio (OR) et odds ratio ajusté à la taille par tranche d’âge dans le tableau ci dessous :

Dans un test d’interaction le likelihood ratio test est très significatif (p < 0,0001).

A la lecture de cet important travail, il semble donc bien qu’à tabagisme égal les hommes et les femmes ne soient pas égaux devant le risque de cancer du poumon.

Quelle en est l’explication ? L’ajustement de l’OR à la taille a été choisi car certains auteurs ont suggéré que le risque est différent parce que les femmes ont des volumes respiratoires différents de ceux des hommes. Dans la mesure où la taille est corrélée au volume respiratoire, cette explication ne peut être retenue. Les auteurs en proposent d’autres qui se rapportent notamment à la façon de fumer qui serait différente entre les hommes ou les femmes ou aux effets des hormones sur le métabolisme des carcinogènes