Lung Cancer

Anti-acides et erlotinib

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
octobre 2013

Thérapeutique ciblée

Le taux de concentration plasmatique d’erlotinib est probablement lié à l’activité de l’erlotinib et les auteurs indiquent en faveur de cette hypothèse le fait que les enzymes responsables du métabolisme de l’erlotinib sont induits par le tabac : les fumeurs actifs inclus de l’étude BR21 ont une concentration médiane d’erlotinib réduite de moitié par rapport à celle des non fumeurs et ont moins de toxicité.

L’absorption de l’erlotinib exige un milieu acide, de sorte qu’on peut imaginer que les médicaments qui diminuent l’acidité gastrique en diminuent l’absorption. Leur administration dans les heures qui précédent ou qui suivent  la prise d’erlotinib  est d’ailleurs déconseillée. 

L’analyse rétrospective conduite dans cette étude a été menée à partir des patients inclus dans l ‘étude BR21.

Son objectif principal est de comparer la PFS et la survie globale des patients inclus dans le bras erlotinib

-       prenant des anti-acides : inhibiteurs de la pompe à protons (IPP), tel que l’omeprazole ou antagonistes du récepteur 2 de l’histamine (H2RA) tel que la ranitidine.

-       à celle de patients n’en prenant pas.

Les objectifs secondaires consistaient à recenser les taux d’erlotinib dans ces deux populations ainsi que les taux d’effets secondaires.

Trente neuf et 31% des patients des bras erlotinib et placebo prenaient un anti-acide. Les caractéristiques des patients des 2 groupes ne différaient pas. Ils avaient commencé leur traitement avant ou pendant le traitement par erlotinib.

Résultats

Il n’y avait aucune différence significative entre les taux médians plasmatiques d’erlotinib selon que les patients prenaient ou non des anti-acides.

Le bénéfice obtenu sur la PFS et la survie globale dans le bras erlotinib est resté le même que le patient utilise ou non des anti-acides quel que soit le groupe d’anti-acides utilisés.

Curieusement la PFS et la survie globale des patients ne recevant pas d’anti-acides  étaient supérieures à celle de ceux qui en recevaient quel que soit le bras de traitement (erlotinib ou placebo).

Enfin, quel que soit le statut tabagique, les patients prenant des anti-acides  et de l’erlotinib avaient une toxicité cutanée similaire mais significativement plus de diarrhées.

Même si dans cette étude l’utilisation d’anti-acides  ne semble pas compromettre l’efficacité de l’erlotinib il nous paraît pour l’instant plus prudent de se conformer aux consignes parfaitement résumées par le Vidal : « l 'association de l'erlotinib aux inhibiteurs de la pompe à protons doit être évitée. Si l'utilisation des antiacides est jugée nécessaire durant le traitement par Erlotinib, ils doivent être pris au moins 4 heures avant ou 2 heures après la dose quotidienne de celui-ci. Si l'utilisation de la ranitidine est envisagée, elle doit l'être de façon espacée ; par exemple, l’erlotinib doit être pris au moins 2 heures avant ou 10 heures après la ranitidine ». Ces règles ne pas très contraignantes  et cette étude rétrospective n’est pas, nous semble-t-il, assez convaincante pour les transgresser.

Reference

An evaluation of the possible interaction of gastric acid suppressing medication and the EGFR tyrosine kinase inhibitor erlotinib.

Hilton JF, Tu D, Seymour L, Shepherd FA, Bradbury PA.

Lung Cancer 2013; 82 : 136-42.

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer