Journal of Thoracic Oncology

Les pneumopathies interstitielles sous crizotinib n’ont pas toutes la même mécanisme et le même impact sur le pronostic.

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
août 2015

Thérapeutique ciblée

Le groupe de Tenon est à l’origine de cette très intéressante étude qui a commencé en septembre 2011 par la découverte d’une pneumopathie interstitielle diffuse associée à la prise de crizotinib. A partir de ce cas, les auteurs ont décidé de revoir les données cliniques et scanographiques des 29 patients traités par crizotinib dans l’institution de 2010 à 2013.  Ils ont retenu 5 critères pour le diagnostic de pneumopathie associée au crizotinib :

-       exposition au traitement,

-       caractéristiques cliniques, radiologiques et pathologiques comparables aux observations décrites,

-       pas d’autre étiologie compatible avec les signes observés,

-       régression à l’arrêt du traitement,

-       récidive possible à la reprise.

Parmi les 6 patients chez les quels le diagnostic de pneumopathie associé au crizotinib a été évoqué, une patiente a développé un SDRA d’évolution fatale 4 semaines après le début du traitement.

Les 5 autres cas présentaient également des signes de pneumopathie interstitielle avec du verre dépoli bilatéral, apparus entre 6,5 et 11,5 mois après le crizotinib. Trois patients étaient asymptomatiques, un patient présentait une toux sans dyspnée ni fièvre et le dernier avait des signes aigus avec des signes de vascularite cutanée, des arthralgies et un épanchement pleural bilatéral.  Quatre des 5 patients ont eu un LBA qui a objectivé une alvéolite lymphocytaire à prédominance de CD4. Une enquête étiologique complète a été négative.

Le crizotinib a été temporairement interrompu puis réintroduit chez 3 malades. Il a été poursuivi en association avec les stéroïdes chez les deux autres.

La survie sans progression  des patients avec une pneumopathie interstitielle diffuse était significativement meilleure que celle des patients indemnes de pneumopathies.

Il semble bien qu’il y ait, dans cette série et à la lecture de la littérature, au moins deux types  d’atteinte pulmonaire au cours des traitement par crizotinib : 1) de rares ARDS d’évolution fatale, et 2) des images en verre dépoli peu symptomatiques pour lesquelles l’arrêt du traitement n’est pas forcément nécessaire et qui auraient un pronostic favorable, meilleur même que n’est le pronostic des patients qui n’ont pas de pneumopathies.

Reference

Crizotinib Associated with Ground Glass Opacity Predominant Pattern Interstitial LungDisease: A Retrospective Observational Cohort Study with a Systematic Literature Review.

Créquit P, Wislez M, Fleury Feith J, Rozensztajn N, Jabot L, Friard S, Lavole A, Gounant V, Fillon J, Antoine M, Cadranel J.

J Thorac Oncol 2015; 10 : 1148-55

58 lectures

Coup de ♥ du mois

Risque de cancer du poumon chez les mineurs exposés à de faible taux de radon

novembre 2015

Si les données concernant les expositions à de fortes concentrations de radon sont bien connues,...

Lire la suite
Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer