Lung Cancer

Antibiotiques et immunothérapie : le nombre et la durée des traitements par antibiotiques sont probablement importants.

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
juin 2019

Immunothérapie

Nous avons durant cette dernière année commenté deux études rétrospectives qui montraient que l’administration d’une antibiothérapie dans le mois qui précédait une immunothérapie était susceptible de diminuer de façon importante l’activité de cette dernière (cliquer ici) et (cliquer ici)

Cette nouvelle étude est une étude également rétrospective qui a été menée à l’Istituto Nazionale dei Tumori de Milan entre 2014 et 2018. Elle concerne 157 malades, en grande majorité fumeurs ou anciens fumeurs,  atteints de cancer bronchique non à petites cellules et qui ont été traités pendant cette période par une immunothérapie : anti PD-1 essentiellement, mais aussi anti PD-L1, anti CTLA4 ou association d’un anti PD-L1  et d’un anti CTLA4.  La plupart de ces traitements étaient administrés en deuxième ligne ou plus. Une réponse objective a été observée chez 55 patients (22%) et une stabilité chez 52 (33%).

Au total 46 patients ont reçu au moins une fois des antibiotiques pendant la durée du traitement. En général ce traitement était indiqué par une infection respiratoire et divers antibiotiques ont été administrés, le plus souvent par voie orale avec une durée médiane de traitement de 6 jours. Les auteurs ont calculé le rapport du nombre de jours sous antibiothérapie sur le nombre de jours sous immunothérapie : ce rapport médian était de 4,2% (0,6-42,9%). 

Administration d’antibiothérapie pendant la période précoce de traitement 

Au total 27 patients ont reçu des antibiotiques à cette période. Dans ce cas l’administration d’antibiotiques n’était liée significativement ni au taux de réponse (11,1 % chez ceux qui ont reçu une antibiothérapie vs 24,6%), ni au taux de contrôle de la maladie (51,9% vs 56,2%).  

Administration d’antibiothérapie pendant la durée totale de traitement 

Les taux de réponse et de contrôle de la maladie restaient inférieurs chez les malades qui avaient reçu une antibiothérapie avec un rapport nombre de jours sous antibiothérapie/nombre de jours sous immunothérapie  supérieur à la médiane mais ces différences, quoiqu’importantes,  n’atteignaient pas la significativité.  En revanche, chez les malades qui avaient un rapport au dessus de la médiane, les chiffres de survie étaient significativement diminués, qu’il s’agisse de la survie sans progression (p<0,0001) ou de la survie globale (p=0,0004).

En analyse univariée la ligne de traitement et le PS étaient également pronostiques pour la PFS et seul le PS l’était pour la survie globale. En analyse multivariée prenant en compte la ligne de traitement et le PS, ces résultats restaient significatifs.  

Même si cette étude est rétrospective et monocentrique, ses résultats renforcent ceux des autres études. L’absence de significativité de l’impact important observé avec l’antibiothérapie initiale est probablement à mettre sur le compte d’un manque de puissance. Les résultats qui concernent l’antibiothérapie pendant toute la durée de l’immunothérapie précisent, à notre connaissance pour la première fois, l’impact du nombre et de la durée des traitements. Ces données doivent nous inciter à bien peser le rapport bénéfice/risque à chaque fois que nous  prescrivons une antibiothérapie à ces malade, et ce  pendant toute la durée de leur traitement .  

 

Reference

Association between antibiotic-immunotherapy exposure ratio and outcome in metastatic nonsmall cell lung cancer.

Galli G, Triulzi T, Proto C, Signorelli D, Imbimbo M, Poggi M, Fucà G, Ganzinelli M, Vitali M, Palmieri D, Tessari A, de Braud F, Garassino MC, Colombo MP, Lo Russo G.

Lung Cancer2019; 132:72-78

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer