Lancet

Atezolizumab vs docetaxel : l’étude de phase II POPLAR

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
mars 2016

Immunothérapie

Nous avons commenté il y a peu de temps trois études industrielles positives qui comparaient en deuxième ligne le nivolumab, un anti PD1, au docetaxel dans les cancers épidermoïdes (cliquer ici) et dans les cancers bronchiques non à petites cellules non épidermoïdes (cliquer ici), l’étude KEYNOTE-010, qui comparait le pembrolizumab, un autre anti PD1,  au docetaxel (cliquer ici). Voici maintenant une quatrième étude menée selon le même schéma, l’étude POPLAR avec cette fois un anti PD-L1,  l’atezolizumab.

Méthodes

C’est ici aussi une étude industrielle et il s’agit d’une étude de phase II multicentrique menée dans plus de 60 centres de 13 pays.

Pour être éligibles, les patients devaient avoir un cancer bronchique non à petites cellules de stade avancé, un PS de 0 ou 1. Ils étaient stratifiés selon l’expression de PD-L1 dans les cellules tumorales et les cellules immunes déterminée en lecture centralisée et l’histologie (non épidermoïdes vs épidermoïdes). Les patients présentant des métastases cérébrales non traitées, une maladie auto-immune ou des antécédents de pneumopathie interstitielle étaient inéligibles.

Ils recevaient soit de l’atezolizumab à 1200 mg, soit du docetaxel à 75 mg/m2 toutes les 3 semaines.

L’objectif principal était la survie globale.

Résultats

Parmi 527 patients examinés,  287 ont été inclus : 144 dans le bras atezolizumab et 143 dans le bras docetaxel. Les résultats sont présentés avec un temps de suivi de 14,8 et 15,7 mois. Les caractéristiques des patients des deux groupes étaient réparties de façon identique à l’exception du sexe : il y avait une plus grande proportion de femmes dans le bras docetaxel. Un tiers des malades avaient un épidermoïde et un tiers également avaient reçu deux lignes de chimiothérapie. 

L’atezolizumab augmentait significativement la survie de 9.7 à 12.6 mois;

HR = 0,73, 95% CI 0,53–0,99; p=0,04.

La survie sans progression  était en revanche la même dans les 2 groupes. 

La durée médiane de réponse était de 14,3 mois sous atezolizumab vs 7,2 mois sous docetaxel.

L’expression de PDL1 a été déterminée par immunohistochimie établie par un anticorps de Roche Ventana. Les scores étaient différents selon qu’il s’agissait des cellules tumorales ou des cellules immunes.  Pour les cellules tumorales,  TC3 signifiait une expression de plus de 50% des cellules, TC2 une expression entre 5 et 50%, TC1 entre 1 et 5% et TC0, moins de 1%. Pour les cellules immunes,  IC3 signifiait une expression de plus de 10% des cellules, IC2 une expression entre 5 et 10%, IC1 entre 1 et 5% et IC0, moins de 1%.  

Il y avait une relation entre les scores et la différence de survie entre les deux bras.

 

Survie (mois)

HR

p

Atezolizumab

Docetaxel

TC3 ou IC3

15,5

11,1

0,49 (95% CI 0,22–1,07)

0,068

TC 2/3 ou IC 2/3

15,1

7,4

0,54 (95% CI 0,33–0,89)

0,014

TC 1/2/3 ou IC 1/2/3

15,5

9,2

0,59 (95% CI 0,40–0,85)

0,005

TC0 et IC0

9,7

9,7

1,04 (95% CI 0,62–1,75)

0,87

Le profil de toxicité était différent avec dans le groupe atezolizumab plus d’anorexie, de dyspnée, de fièvre, d’arthralgies et de douleurs osseuses et musculaires, de pneumopathies ou d’hypothyroïdies. Ils sont présentés de façon très détaillée dans l’article.

Les effets secondaires de grade 3 ou 4 étaient à 40% dans le bras atezolizumab (11% en liaison avec le traitement) vs 53% dans le bras docetaxel (39% en liaison avec le traitement).

Les effets secondaires de grade 5 étaient à 4% dans le bras atezolizumab (1% en liaison avec le traitement) vs 4% dans le bras docetaxel (2% en liaison avec le traitement).

Cette étude apporte des données très intéressantes et nouvelles concernant l’immuno-marquage PDL1sur les cellules immunitaires péri-tumorales. L’atezolizumab est donc une drogue significativement plus active et moins toxique en deuxième ligne que le docetaxel. Les seules réserves qu’on peut faire sur cette étude concerne ses effectifs qui sont ceux d’une phase II randomisée et le choix de l’objectif principal qui n’est pas habituel dans une étude de phase II. Nous attendons maintenant les résultats de l’étude de phase III  qui doit inclure 1225 malades et qui sont prévus pour 2017 (cliquer ici).

 

Reference

Atezolizumab versus docetaxel for patients with previously treated non-small-cell lung cancer (POPLAR): a multicentre, open-label, phase 2 randomised controlled trial.

Fehrenbacher L, Spira A, Ballinger M, Kowanetz M, Vansteenkiste J, Mazieres J, Park K, Smith D, Artal-Cortes A, Lewanski C, Braiteh F, Waterkamp D, He P, Zou W, Chen DS, Yi J, Sandler A, Rittmeyer A; POPLAR Study Group.

Lancet. 2016 Mar 9. [Epub ahead of print]

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