Lung Cancer

Bithérapie du sujet âgé : une vaste étude de cohorte coréenne.

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
août 2018

Traitement des stades IV, Cancers du sujet âgé

Il y a peu de temps, nous commentions sur ce site deux études italiennes dont les résultats semblaient remettre en cause la supériorité de la bithérapie comportant un sel de platine chez les patients âgés atteints de cancers bronchiques non à petites cellules de stade IV et nous discutions les raisons qui nous semblaient pouvoir expliquer  ces résultats (cliquer ici) puisque  la bithérapie est maintenant validée (cliquer ici) et recommandée. 

Quoi qu’il en soit, il est incontestable que ce débat persiste, et s’il persiste c’est parce que la toxicité supérieure de la bithérapie, et surtout de certaines bithérapies, influence encore beaucoup de médecins qui pensent inutile d’infliger aux patients un excès de toxicité pour un bénéfice qu’ils estiment peu important. Ceux-ci pensent que les résultats des grands essais randomisés ont été obtenus chez des patients sélectionnés et qu’ils ne sont pas reproductibles dans ce qu’ils appellent la « vraie vie ». 

Dans ce débat, l’étude que publie ce mois-ci Lung Cancer n’est pas inintéressante car elle concerne justement des malades de la « vraie vie »,  qui bénéficient en  République de Corée,  d’un système d’assurance qui couvre 95 à 97% de la population et qui, dans ce cadre, sont inscrit dans un registre qui couvre presque toute la population. 

Cette étude porte sur tous les patients d’âge ≥70 ans chez lesquels un nouveau diagnostic de cancer bronchique non à petites cellules avancé a été porté entre 2007 et 2012. Les auteurs ont retenu ainsi 41276 patients atteints de cancer broncho-pulmonaire et exclus ceux qui avaient un cancer localisé, ceux qui avaient un cancer bronchique à petites cellules, ceux qui n’ont pas reçu de chimiothérapie et ceux qui ont été traités par chimiothérapie mais dont les données étaient manquantes.  Ainsi c’est 7298 patients qui ont finalement été inclus dans cette analyse. 

Parmi ceux-ci, plus des 3/4 (77,2%) ont reçu un doublet (le plus souvent avec un sel de platine et de la gemcitabine ou du paclitaxel) et les 22,8% restant une monothérapie (le plus souvent gemcitabine, docetaxel ou pemetrexed). L’âge moyen des patients étai un petit peu plus jeune que celui des patients qui ont reçu un doublet (73,5 vs 74,1 ans). 

Avec un suivi médian de 48,7 mois, la durée médiane de survie était de 10,8 mois pour les patients qui ont reçu un traitement combiné est de 9,7 mois pour ceux qui ont reçu une monothérapie. Cette différence était significative (p=0,0024). Dans une cohorte appariée par la méthode des scores de propension cette différence était également significative (10,9 vs 9,7 mois; HR = 0,89; 95% CI 0,80–0,98, p = 0,019).

En analyse univariée, une longue survie était associée avec un traitement combiné, le sexe féminin, l’âge, et l’index de comorbidités. En analyse multivariée seuls le traitement combiné et le sexe étaient des facteurs pronostiques indépendants. 

Les auteurs se sont aussi intéressés aux aspects économique. Ils ont notamment regardé si le nombre de consultations en urgence n’était pas supérieur chez les patients qui recevaient du platine : il ne l’était pas. En revanche les dépenses médicales étaient un peu supérieures (22980 vs 20992 $). 

Cette étude, réalisée sur une très importante cohorte de patients âgés, traités pour un cancer bronchique non à petites cellules, confirme que si un patient âgé est éligible à une chimiothérapie, une bithérapie incluant un sel de platine entraîne une survie significativement prolongée. Cette cohorte de patients a été obtenue à partir d’un registre couvrant presque toute la population coréenne. Elle est donc particulièrement informative pour le traitement de nos malades âgés qui sont éligibles à une chimiothérapie. 

 

 

Reference

Comparative analysis between combination and single-agent chemotherapy for elderly patients with advanced non-small cell lung cancer: A nationwide population-based outcome study.

Lee YG, Lee JH, Kim SH, Kim YJ, Lee H, Ahn S, Jang JS, Lee JS, Kim JH.

Lung Cancer2018; 122 : 88-93

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer