La maintenance chez les sujets âgés dans l’essai PARAMOUNT

Nous avons commenté à plusieurs reprises sur ce site les résultats de l’étude internationale multicentrique de phase III PARAMOUNT.

Cette importante étude a inclus près de mille patients atteints de cancers bronchiques non à petites cellules non épidermoïdes de stade IV dont le PS était à 0 ou 1 sans limite d’âge. Les patients dont la maladie était contrôlée, après 4 cycles de pemetrexed et cisplatine, étaient randomisés sur un mode 2/1 pour recevoir du pemetrexed en maintenance ou un placebo.

Ceux qui avaient reçu du pemetrexed  bénéficiaient significativement d’un traitement de maintenance par pemetrexed tant par une augmentation significative de la survie sans progression (/le-tivantinib-un-inhibiteur-de-c-met-associe-lerlotinib-chez-les-patients-egfr) que de la survie globale (/des-images-cerebrales-chez-un-patient-atteint-de-cancer-bronchique-non-petites) et sans détérioration de la qualité de vie (/quelle-chimiotherapie-associer-la-radiotherapie-des-cbnpc-de-stade-iii). 

Dans cette étude, 18% des patients avaient plus de 70 ans et le but du travail présenté ici est de savoir si ces sujets âgés bénéficiaient ou non du traitement de maintenance.

Les caractéristiques des patients âgés ayant reçus ou non un traitement de maintenance étaient bien réparties à l’exception du sexe : 42 % des patients qui ont reçu du pemetrexed étaient de femmes contre seulement 23 % parmi les sujets âgés qui ont reçu un placebo.

Les âges médians des patients inclus dans le groupe des sujets âgés étaient de  72 et 73 ans (pemetrexed et placebo). Il était de 60 ans dans les 2 groupes des malades plus jeunes.

Les patients âgés ont reçu un nombre moyen de cycles de chimiothérapie de maintenance de 7,4. Ce chiffre était à peine inférieur à celui des patients plus jeunes.

Le pourcentage d’arrêt du pemetrexed chez les sujets âgés du fait d’effets secondaires possiblement liés au traitement était de 23% chez les malades âgés et de 10% chez les malades plus jeunes.

Les durées de survie sans progression  et de survie globale étaient, chez les malades âgés de plus de 70 ans comme chez les plus jeunes, plus longues chez les patients du groupe maintenance comme le montre le tableau ci dessous? Cette différence de PFS était significative  :

Les patients âgés avaient le même nombre de toxicités de bas grade mais plus d’anémies et de neutropénies de grade 3 et 4, sans augmentation du taux de neutropénies fébriles.

Cette étude conclue que les sujets âgés de plus de 70 ans inclus dans cette étude bénéficient d’une maintenance de continuation et que ce bénéfice est du même ordre que celui qui est observé chez les malades plus jeunes.

Ces conclusions sont la conclusion logique de cet article pour le sous groupe de patients considéré. Il serait en revanche plus discutable de les appliquer indistinctement à l’ensemble des malades âgés. Il est en effet bien connu que les sous populations de malades âgés inclus dans des essais incluant des malades de tout âge ne sont pas représentatifs de la population de malades âgés atteints de cancers bronchiques non à petites cellules de stade IV (/ros-1-dans-une-population-asiatique). Pour s’en persuader, il suffit de constater que la médiane d’âge des patients âgés n’était que de 72 et 73 ans. Par comparaison, dans un essai qui n’a inclus que des sujets âgés, l’essai IFCT-0501 (/prev-em-onco/2219), l’âge médian était de 77 ans. Surtout la proportion de sujets âgés de cet essai inférieure à 20% est très inférieure à celle des sujets âgés de la « vraie vie » qui est de l’ordre de 50% (/la-valeur-pronostique-et-predictive-de-lexpression-de-ercc1-non-confirmee).  

Pour que le concept de maintenance puisse  définitivement s’appliquer à toute la population de patients âgés, éligibles à une bithérapie, il faut passer par  un grand essai de phase 3 spécifiquement destiné aux  patients âgés

Il n’en reste pas moins que ces résultats sont très probablement transposables à la population de sujets âgés qui ont les mêmes caractéristiques que  les malades  entrés dans cet essai.  Pour cette population, cet essai  démontre pour la première fois la faisabilité de la chimiothérapie de maintenance.