British Journal of Cancer

Nab-paclitaxel : encore une analyse de sous groupes de l’étude de phase III.

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
juillet 2015

Traitement des stades IV, Cancers du sujet âgé

L’étude de phase III IFCT 05-01 coordonnée par Elisabeth Quoix et publiée il y a 4 ans (/prev-em-onco/2219) a démontré que le doublet à base de carboplatine et paclitaxel hebdomadaire prolonge significativement la survie des patients âgés de plus de 70 ans dont le PS est à O, 1 ou 2  par rapport à une monochimiothérapie par gemcitabine ou vinorelbine.

Le nab-paclitaxel, en développement depuis plusieurs années, semble avoir un meilleur profil de toxicité que le paclitaxel et un meilleur taux de réponse dans les cancers épidermoïdes dans une étude de phase III,  comparant carboplatine et nab-paclitaxel hedomadaire à carboplatine et paclitaxel toutes les 3 semaines et menée chez plus de 1000 patients (/erlotinib-et-bevacizumab-en-premiere-ligne-dans-une-population-non-selectionnee). Secondairement,  les résultats d’une étude de sous groupes menée chez 156 patients de 70 ans et plus (/le-crizotinib-est-remarquablement-efficace-chez-les-patients-qui-presentent-un) avait montré que le nab-paclitaxel avait un bon profil de toxicité chez les sujets âgés.

La publication que nous commentons ici part toujours de cette même étude de phase III mais se limite à des sous-groupes de patients[1] :

-       546 (51,9%) qui avaient 60 ans et plus à l’inclusion.

-       Et 156 (15%) qui avaient un âge ≥70 ans.  

Réponse, survie sans progression  et survie :

-       Dans le groupe des malades d’âge ≥ 60 ans, le taux de réponse et la durée de survie globale étaient significativement augmentés chez les patients du groupe expérimental. La survie sans progression  était augmentée mais de façon non significative.

-       Dans celui  des malades d’âge ≥ 70 ans, la survie globale était significativement augmentée chez les patients du groupe expérimental. La réponse et la survie sans progression  étaient augmentées mais de façon non significative.  

Toxicité et qualité de vie

-       Dans le groupe  des malades d’âge ≥ 70 ans (qui est, rappelons le, le seul sous-groupe faisant l’objet d’une stratification), la qualité de vie (Q-TWIST[2]) était augmentée mais de façon non significative. 

-       Dans celui des patients de plus de 60 ans, défini a posteriori, le gain de Q-TWIST était significatif. Le profil de toxicité était différent : il y avait significativement moins de neuropathies et d’arthralgies mais plus d’anémies et de thrombopénies.

Les auteurs concluent que chez les patients de plus de 60 ans comme chez ceux de plus de 70 ans, le nab-paclitaxel est supérieur au paclitaxel pour la survie, la toxicité, et la qualité de vie.

Nous ne pouvons qu’être réservés sur les conclusions des auteurs, non seulement parce les bénéfices décrits  ne sont pas tous significatifs, mais aussi parce que  ce sous groupe de patients de plus de 60 ans ne nous semble pas valable, d’abord parce que la limite de la littérature pour parler de sujet âgé est de 65 ou 70 ans selon les études,  et non de 60 ans, et aussi parce qu‘il semble que ce sous groupe de patients ait été créé a posteriori.

Comme l’avait écrit sur ce site Elisabeth Quoix il y a deux ans, une étude de phase III dédiée aux sujets âgés  comparant paclitaxel hebdomadaire plus carboplatine toutes les 4 semaines (selon le protocole de l'IFCT) à l'association nab-paclitaxel carboplatine telle que décrite dans cette étude serait utile.



[1] A la lecture de l’article princeps, seul l’âge ≥ ou inférieur à 70 ans était un critère de stratification. Ni dans cet article, ni sur le site de clinicaltrials.gov, une analyse des patients d’âge ≥ ou inférieur à 70 ans ne semble avoir été prévue.

[2] Méthode prenant en compte la  survie sans symptôme du cancer  ou signes  toxicité dû au traitement.

Reference

Survival, quality-adjusted survival, and other clinical end points in older advanced non-small-cell lung cancer patients treated with albumin-bound paclitaxel.

Langer CJ1, Hirsh V2, Okamoto I3, Lin FJ4, Wan Y4, Whiting S5, Ong TJ5, Renschler MF5, Botteman MF4.

Br J Cancer. 2015; 113 : 20-9

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer