Journal of Clinical Oncology

Brigatinib vs Crizotinib : de nouveaux résultats de l’étude ALTA-1L

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
septembre 2020

Thérapeutique ciblée, ALK

Nous avons commenté sur ce site il y a 2 ans les premiers résultats de l’étude ALTA-1L, une importante étude de phase III comparant en première ligne le brigatinib au crizotinib chez 275 patients atteints de cancer bronchique non à petites cellules avancé ou métastatique ALK positifs  avec au moins une lésion mesurable n’ayant pas reçu antérieurement de traitement anti ALK  (cliquer ici). Dès cette date, était notée une augmentation importante et significative de la survie sans progression sous brigatinib sans excès de toxicité attribuable à ce traitement : le HR de progression ou décès était à 0,49 (95% CI : 0,33-0,74). A cette date, la durée médiane de survie sans progression était de 9,8 mois dans le bras crizotinib et n’était pas atteinte dans le bras brigatinib. 

Les nouveaux résultats qui sont présentés ici sont observés en juin 2019 après des durées médianes de suivi qui sont à 24,9 mois dans le bras brigatinib et 15,2 mois dans le bras crizotinib.  A cette nouvelle date de point, 55% des patients du bras brigatinib et 17% de ceux du bras crizotinib sont encore sous traitement.

Les survies sans progression appréciées par un comité indépendant comme celles appréciées par les investigateurs restent significativement très supérieures : le HR de la PFS du comité indépendant est à 0,49 [95% CI, 0,35-0,68]; p<0,0001 et le pourcentage de PFS à deux ans appréciée par les investigateurs est de 56 vs 24% et ce pour tous les sous-groupes de patients. 

Les taux de réponse objective apprécié par le comité indépendant sont de 74 % sous brigatinib et 62 % sous crizotinib. De même, les durées de réponse étaient supérieures sous brigatinib. 

Enfin à la date de point 70 patients étaient décédés, 33 dans le bras brigatinib et 37 dans le bras crizotinib. Il n’existait pas à la date de point de différence significative de survie (HR = 0,92 [95% CI, 0,57-1,47]; p=0,77). Cette absence de différence s’explique sans doute par le fait que près de la moitié des patients du bras crizotinib ont reçu du brigatinib à la progression. 

Quarante patients du bras brigatinib et 41 de ceux du bras crizotinib avaient des métastases cérébrales. Chez ce malades la probabilité de non-progression à 2 ans  était de 43% sous brigatinib et seulement 10% sous crizotinib. 

Aucun nouveau signal de toxicité n’a été noté depuis le précédent article. 

Enfin, le temps jusqu’à détérioration de la qualité de vie était sous brigatinib de 26,7 mois et seulement de 8,3 mois sous crizotinib. 

Ces résultats confirment que le brigatinib a une efficacité particulièrement intéressante dès la première ligne de traitement puisqu’ils démontrent un allongement important et significatif de la survie sans progression, y compris chez les malades qui ont des métastases cérébrales. On sait combien il est important de suivre pendant très longtemps ces patients : dans l’étude ALEX, les durées de suivi dans les derniers résultats publiés sont le double de celles de cette étude dans le bras expérimental : 48 mois sous alectinib vs 24,9 sous brigatinib (cliquer ici) Cette longue durée est très importante car l’écartement des courbes de survie dans l’étude ALEX  n’apparait qu’à partir de 24 mois. Il sera donc extrêmement  intéressant de connaitre les résultats ultérieurs de cette étude.  

 

Reference

Brigatinib Versus Crizotinib in Advanced ALK Inhibitor-Naive ALK-Positive Non-Small Cell Lung Cancer: Second Interim Analysis of the Phase III ALTA-1L Trial.

Camidge DR, Kim HR, Ahn MJ, Yang JCH, Han JY, Hochmair MJ, Lee KH, Delmonte A, García Campelo MR, Kim DW, Griesinger F, Felip E, Califano R, Spira A, Gettinger SN, Tiseo M, Lin HM, Gupta N, Hanley MJ, Ni Q, Zhang P, Popat S.

J Clin Oncol 2020. Online ahead of print.

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Revue : British Journal of Cancer