Cancer

Ce sont les mutations et non le tabagisme qui conditionnent le pronostic

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
décembre 2012

Biomarqueurs / Facteurs pronostiques et/ou prédictifs

Les auteurs de cet article avaient montré que l’absence de tabagisme chez les patients atteints de cancers bronchiques non à petites cellules étendus avait une valeur pronostique favorable importante indépendamment de l’âge, du PS et du sexe.

Est-ce bien le tabagisme ou n’est-ce pas plutôt le statut mutationnel qui est  corrélé à la survie ?  C’est la question posée par cette étude menée au  Memorial Sloan-Kettering Cancer dans laquelle les prélèvements consécutifs de 675 patients atteints d’adénocarcinomes pulmonaires obtenus sur 1 an ont été testés pour ALK, EGFR et KRAS.

  • Parmi les 293 patients non fumeurs, 55% avaient l’une des trois anomalies : mutation EGFR (38%) ou KRAS (5%) ou réarrangement ALK (12%).
  • Parmi les 382 fumeurs ou anciens fumeurs 57% avaient une mutation ou un réarrangement :  EGFR (14%), KRAS (41%) ou ALK (2%).

Parmi ces patients, 440 avaient un stade avancé et la médiane de survie de ces patients était de 20 mois chez les non fumeurs vs 12 mois chez les fumeurs ou anciens fumeurs p<0,001).

Par ailleurs la médiane de survie variait selon le statut mutationnel

  • elle était de 23 mois chez les EGFR mutés,
  • de 11 mois chez les KRAS mutés,
  • et de 35 mois chez les patients porteurs d’un réarrangement ALK-EML4.

Il n’y avait pas de différence significative entre les survies des EGFR mutés et ALK réarrangés mais les survies des EGFR mutés et des ALK réarrangés différaient chacune significativement de celles des KRAS mutés (p<0,001).

Ces différences persistaient dans chaque groupe défini par le tabagisme :

  • parmi les non fumeurs, les patients ayant une mutation KRAS avaient un risque de décès significativement supérieur à celui des patients EGFR mutés (HR : 2,7) ou ALK réarrangés (HR : 4,6).
  • De même parmi les fumeurs ou anciens fumeurs, les patients ayant une mutation KRAS avaient un risque de décès significativement supérieur à celui des patients EGFR mutés (HR : 3,3). La comparaison avec les ALK réarrangés n’était pas possible, compte tenu des effectifs réduits. 

En revanche dans chaque groupe de mutations défini, le fait d’être fumeurs ou non ne modifiait pas la survie comme le montre le tableau ci-dessous :

 

EGFR mutés

p

KRAS mutés

p

Réarrangement ALK

p

 

Non fumeurs

Fumeurs ou ex-fumeurs 

 

Non fumeurs

Fumeurs ou ex-fumeurs

 

Non fumeurs

Fumeurs ou ex-fumeurs

 

Médiane de survie (mois)

25

19

0,33

11

10

0,77

26

44

0,41

Il est intéressant de voir par ailleurs que chez les patients pour les quels la recherche de mutations avait été négative, il existait à l’inverse une différence de survie à la faveur des non fumeurs (18 vs 12 mois).

 

Les auteurs concluent logiquement cette étude que les essais thérapeutiques concernant les patients qui n’ont ni mutation EGFR ou KRAS, ni translocation ALK-EML4 devraient comporter le tabagisme comme critère de stratification.

  

Reference

Driver mutations determine survival in smokers and never-smokers with stage IIIB/IV lung adenocarcinomas.

Paik PK, Johnson ML, D'Angelo SP, Sima CS, Ang D, Dogan S, Miller VA, Ladanyi M, Kris MG, Riely GJ.

Cancer 2012; 118 : 5840-7. 

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer