Journal of Thoracic Oncology

Ceritinib ou crizotinib ?

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
août 2016

Thérapeutique ciblée, Traitement des stades IV

Il n’existe pas de résultats d’études randomisées comparant en première ligne l’activité du crizotinib à celle de d’un ANTI-ALK de nouvelle génération, le ceritinib. En attendant que les résultats de telles études soient disponibles les auteurs de cette étude à promotion industrielle ont cherché à effectuer cette comparaison à partir des données de 5 études cliniques :

  • deux études ouvertes à un seul bras explorant le ceritinib, l’étude de phase I ASCEND-1 commentée sur ce site (cliquer ici)  et l’étude de phase II ASCEND-3.
  • Et trois études explorant le crizotinib, une étude ouverte à un seul bras explorant le crizotinib, l’étude PROFILE 1001, une étude de phase II, l’étude PROFILE 1005 et l’étude randomisée de phase III  PROFILE 1007 également commentée ici (cliquer ici).

Dans toutes ces études les patients étaient traités par 250 mg, 2 fois par jour,  de crizotinib ou 750mg, une fois par jour de ceritinib. Les 5 essais incluaient des patients qui présentaient tous un cancer bronchique non à petites cellules localement avancé ou métastatique, les métastases cérébrales stables ou contrôlées étaient autorisées, de même qu’un PS de 0 à 2, à l’exception de l’étude PROFILE 1005 dans laquelle les PS à 3 étaient autorisés. Tous les essais autorisaient des traitements antérieurs mais avec des règles très différentes (tableau ci dessous :)

 

Traitements antérieurs autorisés

 

Traitement  par anti ALK

Au moins une ligne de chimiothérapie

Une seule ligne de chimiothérapie comportant du platine

Pas de limite sur les traitements antérieurs

ASCEND 1

 

 

ASCEND 3

 

 

 

PROFILE 1001

 

 

 

PROFILE  1005

 

 

PROFILE 1007

 

 

C’est sans doute pour harmoniser les données qu’ont été retirés de l’analyse les patients qui avaient reçu un Anti-ALK et inclus ceux qui avaient préalablement reçu au moins une ligne de traitement.    

Les données concernant les études ASCEND ont été obtenues directement de NOVARTIS. Celles des études PROFILE ont été extraites des données publiées. Ce sont ces données qui ont permis de calculer les scores de propension.

Après ajustement, Les caractéristiques de  557 patients traités par crizotinib et 143 par ceritinib, étaient réparties de façon identique en ce qui concerne l’âge médian, le sexe, l’origine asiatique, le PS 0, le nombre de lignes reçues et le nombre d’adénocarcinomes.

La survie globale et le taux de survie à un an étaient significativement plus élevés parmi les patients traités par céritinib (82,6 vs 66%). Il en était de même du taux de survie sans progression  à un an (58,2 vs 37,2%)  et de la durée de survie sans progression  (13,6 vs 8,3 mois). Les taux de réponse en revanche ne différaient pas significativement.

Ces différences étaient observées avant et après ajustement.

Cette étude apporte des arguments en faveur de l’impact supérieur du  ceritinib sur la survie globale et la survie sans progression chez les patients antérieurement traités par chimiothérapie. Néanmoins, une comparaison de ce type n’a pas le même niveau de preuve qu’une étude randomisée. La méthodologie qui consiste à comparer des données issues d’articles publiés à des données issues de base de données industrielles est notamment critiquable. 

Un point qui paraît aussi essentiel est qu’on ne sait pas du tout ce qu’il en est du traitement attribué après les études :

  • Quelle proportion de patients traités par crizotinib ont-ils reçu du ceritinib ?
  • Quelle proportion de patients des deux groupes  ont-ils reçu de l’alectinib ?  
  • Faut-il donner d’emblée du ceritinib ou ne le prescrire qu’en deuxième ligne après le crizotinib ?
  • Et les mêmes questions se posent pour les autres anti-ALK et notamment pour l’alectinib.

Il reste encore beaucoup d’études prospectives  de stratégie à faire pour répondre à ces questions.  On notera en tout cas que les progrès obtenus chez les patients qui ont cette anomalie moléculaire sont déjà considérables. 

 

Reference

Comparative Efficacy of Ceritinib and Crizotinib as Initial Anaplastic Lymphoma Kinase-targeted Therapies in Previously Treated Advanced or Metastatic Non-Small Cell Lung Cancer: an Adjusted Comparison to External Controls.

Tan DS, Araújo A, Zhang J, Signorovitch J, Zhou ZY, Cai X, Liu G.

J Thorac Oncol. 2016 Jun 8. [Epub ahead of print]

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