European Journal of Cancer

Chimioradiothérapie bifractionnée en néoadjuvant ? Des résultats intéressants mis en évidence dans une étude rétrospective.

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
juin 2013

Traitement péri-opératoire, Radiothérapie / Radiofréquence, Traitement des stades III, Chirurgie

Cette étude observationnelle porte sur les données de 239 patients consécutifs traités sur une période de 12 ans et atteints de cancer bronchique non à petites cellules de stade IIIA ou IIIB ou de stades IIB (T3N0 centraux). Tous ont été traités à l’hôpital de Essen par radiochimiothérapie néoadjuvante puis opérés. Durant cette période la radiothérapie a été administrée soit sur un mode conventionnel, soit sur un mode accéléré hyperfractionné.

La radiothérapie conventionnelle était administrée jusqu’à 44 à 46 Gy en fractions de 2 Gy, et la radiothérapie accélérée hyperfractionnée par 2 fractions quotidiennes de 1,5 Gy par jour, 5 jours/semaine, jusqu’à 45 Gy.

Les caractéristiques cliniques des malades ne différaient pas et les taux de réponse selon le RECIST étaient également les mêmes : 72 et 75% de réponses partielle, et 3 et 2 réponses complètes.  

En revanche les taux de réponses complètes histologiques post-opératoires (pRC) différaient puisque ce taux était de 37% pour les patients ayant eu une radiothérapie bifractionnée  et 24%  chez ceux qui ont reçu une radiothérapie classique (CI : 1,02–3,13, p = 0,04). En analyse multivariée prenant en compte les facteurs cliniques pré-thérapeutiques et les éléments du traitement (nature de la chimiothérapie, type de chirurgie, modalités de radiothérapie) les 2 variables influençant significativement le taux de pRC étaient le type histologique (adénocarcinomes vs autres) et les modalités de la radiothérapie.

En analyse multivariée la pRC était un facteur pronostique très significatif (HR = 0,44 (95% CI : 0,28–0,69), p = 0,0003) alors que le fractionnement par lui même n’avait pas de lien significatif avec la survie. Les taux de survie à 5 ans passaient de 33% chez les malades qui n’étaient pas en RC à 65% chez ceux qui l'étaient (p < 0,0001).

Des toxicités de grade 3 (n=48) et 4 (n=10) ont été observées chez l’ensemble des patients sans différence significative entre les deux traitements.

En revanche la toxicité non hématologique, notamment œsophagienne était significativement moins importante chez les patients qui avaient reçu une radiothérapie classique.

Quant à la mortalité post-opératoire, 4 patients sont décédés en post-opératoire, dont 1 seulement dans le groupe radiothérapie bifractionnée et 3 dans le groupe classique. Deux des 65 patients qui ont eu une pneumonectomie sont décédés dans les 30 jours qui suivaient ce geste (3%).

Chez 55 patients qui ont eu des explorations fonctionnelles respiratoires à distance, il n’y a pas eu davantage d’examens anormaux chez les patients qui ont et une radiothérapie fractionnée.

Le taux de récidives locales ne différait pas selon le type de radiothérapie mais il y avait une tendance non significative à un taux moindre de récidives loco-régionales après réponse complète histologique.

Cette étude rétrospective ne peut remplacer une étude prospective randomisée, mais elle souligne l’intérêt d’explorer cette modalité de radiothérapie en néoadjuvant en montrant qu’elle est probablement plus efficace que la radiothérapie classique tout en restant bien tolérée. Elle montre aussi, dans les stades III, comme ça avait été démontré dans une étude française dans les stades précoces (/ceritinib-une-etude-de-phase-i-japonaise),  l’importance pronostique de la réponse complète.

Reference

Accelerated hyperfractionated radiotherapy within trimodality therapy concepts for stage IIIA/B non-small cell lung cancer: Markedly higher rate of pathologic complete remissions than with conventional fractionation.

Pöttgen C, Eberhardt W, Graupner B, Theegarten D, Gauler T, Freitag L, Abu Jawad J, Wohlschlaeger J, Welter S, Stamatis G, Stuschke M.

Eur J Cancer. 2013 49 :  2107–2115

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer