European Journal of Cancer

Chimioradiothérapie séquentielle ou concomitante avec une radiothérapie de 55Gy en 20 fractions : l’étude SOCCAR.

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
novembre 2014

Radiothérapie / Radiofréquence, Traitement des stades III

La supériorité de la chimioradiothérapie concomitante sur la radiothérapie séquentielle pour le traitement des cancers bronchiques non à petites cellules de stade III a été démontrée par une méta-analyse (http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/20351327) et confirmée par le groupe Cochrane (http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/20556756).

La chimioradiothérapie concomitante est donc actuellement le standard; en général, ce traitement est administrés avec un fractionnement conventionnel de 2 Gy par jour pour un total de 60 à 66 Gy sur six semaines ou plus. La chimiothérapie associée est à base de cisplatine et vincaalcaloïdes ou taxanes. Avec ces traitements la médian de survie ne dépasse pas 14 à 17 mois et moins de 25 % des patients sont vivants à trois ans.

En Angleterre, l’administration de 55 Gy en 20 fractions et quatre semaines est un traitement standard.

L’étude SOCCAR est une étude multicentrique, randomisée qui a été menée en Angleterre qui compare chez des patients atteints de cancer bronchique non à petites cellules de stade III un bras standard séquentiel à un bras expérimental concomitant dans le quel les patients reçoivent selon les préférences du centre 3 ou 4 cycles de chimiothérapie (cisplatine 80 mg/m2 à J1 et vinorelbine 25 mg/m2 à J1 et J8 (J1=J22).

Dans le bras standard,  la radiothérapie à la dose de 55 Gy en 20 fractions est commencée 4 semaines après le dernier cycle de chimiothérapie.

Dans le bras expérimental, la chimiothérapie est commencée au début de la radiothérapie  et les doses de chimiothérapie administrées sont modifiées ainsi : 20 mg/m2 de cisplatine  au moment des fractions 1-4 et 16-19 et 15 mg/m2 de vinorelbine avant les fractions 1, 6, 15 et 20. Ensuite 1 ou 2 cycles de chimiothérapie à doses conventionnelles sont administrés de façon que la dose totale de chimiothérapie sous la même dans les deux bras.

L’objectif principal est la mortalité liée au traitement. Les objectifs secondaires été la survie,  la survie sans progression  et la toxicité.

Résultats

Au total 130 patients ont été recrutés lentement sur une période de 5 ans et randomisés entre, soit un traitement concomitant (n=70), soit traitement séquentiel (n=60). Deux patients du bras expérimental étaient inéligibles.

Les caractéristiques des patients des deux groupes étaient comparables à l’exception du PS. Il y avait significativement plus de patients dont le PS était à 0 dans le bras concomitants.

La compliance à la chimiothérapie était la même dans les deux groupes. En revanche, la compliance à la radiothérapie était meilleure dans le bras concomitant que dans le bras séquentiel : 95 % des patients ont reçu les doses de radiothérapie  prévues dans le bras concomitant contre seulement 78 % dans le bras séquentiel.

Le nombre de décès liés au traitement était de 2 (2,9 %) dans le bras concomitant et de 1 (1,7%)  dans le bras séquentiel. Le nombre de patients ayant des événements indésirables graves (SAE) était similaire dans les deux bras. Le nombre d’œsophagites et de pneumopathie de grade 3 était similaire dans les deux bras. Le nombre de neutropénies de grade ≥3 était significativement plus bas dans le bras concomitant (37 vs 55%). Le pourcentage de fatigue était également moindre.

La durée médiane de survie était de 24,3 mois dans le bras concomitant et 18,4 mois dans le bras séquentiel. Cette différence n’était pas significative.

Les taux de survie du bras expérimental étaient inférieur à 1 an (70 vs 83%) mais supérieur à 2 ans (50 vs 46%).

Les survie sans progression  ne différaient pas non plus significativement. Les sores de qualité de vie ne différaient pas non plus.

Les auteurs concluent cet article par la proposition de comparer, dans une étude prospective randomisée de phase III,  le bras expérimental de cet essai (une chimioradiothérapie avec 55 Gy en 20 fractions et quatre semaines) avec une chimioradiothérapie selon les modalités plus classiques (60 Gy en 30 fractions, voire plus). Les résultats qu’ils rapportent ici avec des taux de survie à 2 ans très au dessus des études antérieures ne peuvent que nous y rendre favorable. Retenos néanmoins que la lenteur d'inclusion des patients dans cette étude de phase II  plaide pour le fait que les patients soient probablemen séletionnés.    

Reference

SOCCAR: A randomised phase II trial comparing sequential versus concurrent chemotherapy and radical hypofractionated radiotherapy in patients with inoperable stage III Non-Small Cell Lung Cancer and good performance status.

Maguire J1, Khan I2, McMenemin R3, O'Rourke N4, McNee S4, Kelly V5, Peedell C6, Snee M7.

Eur J Cancer  2014 : 50 : 2939-2949.

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
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