Lancet

Faut-il traiter les CBNPC N2 opérables par une chimiothérapie et une radiothérapie pré-opératoires ?

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
septembre 2015

Radiothérapie / Radiofréquence, Traitement des stades III, Chirurgie

Pour les cancers bronchiques non à petites cellules de stade III-N2 deux possibilités thérapeutiques nous sont offertes, soit une chimioradiothérapie concomitante, soit dans les formes résécables une chimiothérapie ou une chimioradiothérapie d’induction suivies d’une chirurgie (/encore-un-travail-sur-la-valeur-pronostique-et-meme-predictive-de-la-nouvelle, /la-prise-de-statine-na-aucun-lien-avec-la-frequence-du-cancer-broncho-pulmonaire-chez).

Le SAKK, groupe coopérateur suisse, avait rapporté des résultats encourageants avec l’association néoadjuvante de cisplatine et docetaxel on montrant que cette chimiothérapie était capable d’entrainer des taux élevés de « downstaging » et de réponses complètes tous deux corrélés avec de longues survies.

Pour accroitre encore ces taux de réduction tumorale et de résection complète, il est logique de s’intéresser aux techniques associant  chimiothérapie et radiothérapie pré-opératoires.

A cette étude de phase III, prospective et multicentrique, ont collaboré 23 centres suisses, allemands et serbes. Ils ont inclus 232 patients en 11 ans. 

Les patients pour être éligible devaient avoir un cancer bronchique non à petites cellules de stade IIIA/N2 prouvé par médiastinoscopie, échoendoscopie ou ponction ganglionnaire endoscopique. Ils étaient randomisés en :

-       chimiothérapie par 3 cycles de cisplatine 100 mg et docetaxel 85 mg toutes les 3 semaines avec GCSF.  

-       Ou ce même traitement associé à une radiothérapie de 44Gy et 22 séances.

La chirurgie était prévue 21 jours après le dernier cycle de chimiothérapie dans le bras chimiothérapie et 21 à 28 jours dans le bras chimio et radiothérapie.

L’objectif principal était la survie sans événement (rechute, progression, second cancer ou décès) avec des paris statistiques qui ont été modifiés au cours de l’étude, d’abord une augmentation de 10 mois, puis un passage de 12 mois dans le bras chimiothérapie à 18 mois dans le bras chimio et radiothérapie.

Les objectifs secondaires étaient la survie globale, l’opérabilité, la mortalité post-opératoire à 30 jours, les effets toxiques, les taux de résections complètes, le taux de réponses complètes et partielles, le site de rechute, la valeur prédictive et pronostique de la TEP-FDG et une étude coût/efficacité.

En 11 ans, 232 patients ont été inclus. L’essai a été interrompu à la troisième analyse intermédiaire à 134 événements. Les caractéristiques des patients des deux bras étaient comparables.

Au total, 90% des patients du bras chimiothérapie et 92% de ceux du bras chimio et radiothérapie ont terminé leurs 3 cycles de traitement, quoique les effets adverses des traitements soient observés chez la plupart des patients.

La durée de survie sans événement était de 12,8 mois dans le bras chimio et radiothérapie et 11,6 dans le bras chimiothérapie. La durée médiane de survie globale était de 37,1 mois dans le bras chimio et radiothérapie et 26,2 mois des le bras chimiothérapie. Ces différences n'étaient pas significatives.

Dans le bras chimio et radiothérapie et chimiothérapie, on observait respectivement :

-       des taux de réponse de 61% et 51%,

-       des taux de résections complètes (R0) de 91 et 81%,

-       des taux de pRC (réponse complète pathologique) de 16 et 12%.

Cette importante étude de phase III  confirme donc, comme l’ont montré plusieurs études de phase II, dont l’étude l’IFCT 0101 (http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/19879013) quil est faisable.  d'associer en préopératoire une chimiothérapie à une radiothérapie. Elle ne parvient malheureusement pas à démontrer que la radiothérapie ajoutée à la chimiothérapie donne de meilleurs résultats que la seule chimiothérapie.

Reference

Induction chemoradiation in stage IIIA/N2 non-small-cell lung cancer : a phase 3 randomised trial.

Pless M, Stupp R, Ris HB, Stahel RA, Weder W, Thierstein S, Gerard MA, Xyrafas A, Früh M, Cathomas R, Zippelius A, Roth A, Bijelovic M, Ochsenbein A, Meier UR, Mamot C, Rauch D, Gautschi O, Betticher DC, Mirimanoff RO, Peters S; SAKK Lung Cancer Project Group.

Lancet 2015; 386 : 1049-56.

138 lectures

Coup de ♥ du mois

Risque de cancer du poumon chez les mineurs exposés à de faible taux de radon

novembre 2015

Si les données concernant les expositions à de fortes concentrations de radon sont bien connues,...

Lire la suite
Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer