Lung Cancer

Chimiothérapie des tumeurs carcinoïdes : une étude rétrospective française

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
juin 2016

Tumeurs neuro-endocrines

En août dernier, nous rapportions sur ce site les recommandations européennes concernant les tumeurs neuro-endocrines typiques et atypiques (cliquer ici) dans lesquelles on pouvait lire combien les données concernant la chimiothérapie des formes métastatiques étaient peu nombreuses et décevantes.

Des réponses ont été décrites dans certaines tumeurs neuro-endocrines avec les associations d’oxaliplatine et gemcitabine (gemox) ou d’oxaliplatine et 5-fluorouracile (folfox) mais peu de données sont disponibles concernant les tumeurs neuro-endocrines pulmonaires.

Ceci a conduit les auteurs de ce travail à effectuer une étude rétrospective dans deux centres français chez des patients traités par l’une de ces chimiothérapies entre 2000 et 2013.

Pour être inclus les patients devaient avoir un diagnostic de carcinoïde pulmonaire confirmé histologiquement par des experts,  un PS ≤2  ainsi que des  fonctions cardiaque, rénale, hépatique et hématologique satisfaisantes.

En ce qui concerne la chimiothérapie, ils devaient avoir reçu du GEMOX ou du FOLFOX :

  • Le GEMOX associait Gemcitabine 1000 mg/m2 et oxaliplatine 100 mg/m2.
  • Le FOLFOX associait oxaliplatine à 85 mg/m2, Leucovorin 400mg/m2, 5-fluorouracile 400 mg/m2 puis 5FU 2400 mg/m2 en 46 heures.

En cas de contrôle de la maladie et en absence de toxicité sévère, huit cycles de traitement étaient administrés.

Quarante cinq patients ont été inclus pendant ces 13 ans par ces 2 centres, le choix des 2 traitements était dépendant du centre, l’un optant plutôt pour le GEMOX et l’autre pour le FOLFOX.

L’âge médian des malades  était de 57 ans, il y avait un peu plus de la moitié de femmes, presque tous avaient un PS à 0 ou 1. Plus du tiers présentaient un syndrome carcinoïde.

La classification histologique a été précisée chez 42/45 patients : 24 carcinoïdes atypiques, 8 typiques et 10 classés NOS[1] carcinoïdes. Les caractéristiques des patients qui ont reçu l’un ou l’autre des traitements étaient réparties de façon identique.

Cette chimiothérapie était administrée en première ligne chez 20% des patients, en deuxième chez le tiers d’entre eux et pour le reste en troisième ligne et plus.

Les résultats ont été les suivants :

 

Folfox

Gemox

Ensemble

N

21

24

45

Réponses (%)

3 (14)

6 (25)

9 (20)

Stabilité (%)

13 (62)

16 (67)

29 (64)

PFS médiane (mois)

13

16

15

Survie globale médiane (mois)

30

NA

34

 Très peu de données de toxicité sont communiquées. On sait juste que 8 patients ont arrêté leur traitement pour toxicité (4 allergies, 1 neurotoxicité et 3 fatigues).

On peut regretter que ce travail n’ait pas été réalisé de façon prospective comme une étude de phase II par exemple. Ceci aurait permis de mieux cerner la façon dont a été conduit le recrutement de cette étude et d’avoir plus de d’homogénéité sur la ligne de traitement.  Dans la mesure où ces 45 malades ont été recrutés en 13 ans par 2 centres français de référence, ce qui fait moins de 2 malades par centre et par an, on peut penser que les patients qui avaient cette pathologie n’ont pas tous été inclus. Ceux qui ont été inclus étaient-ils sélectionnés ? Ou certains malades n’ont-ils pas été inclus du fait de données manquantes ?

Quoiqu’il en soit, même si elle limitée par son caractère rétrospectif, cette étude apporte des arguments pour la faisabilité de cette chimiothérapie qu’il faudrait compléter,  pour mieux préciser l’efficacité et la toxicité de ces traitements,  par des études prospectives.

 

[1] Not otherwise specified

 

Reference

Evaluation of the combination of oxaliplatin and 5-fluorouracil or gemcitabine in patients with sporadic metastatic pulmonary carcinoid tumors.

Walter T, Planchard D, Bouledrak K, Scoazec JY, Souquet PJ, Dussol AS, Guigay J, Hervieu V, Berdelou A, Ducreux M, Arpin D, Lombard-Bohas C, Baudin E.

Lung Cancer 2016; 96 : 68-73.

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer