Cisplatine et risques de thromboses veineuses.

Les accidents thromboemboliques veineux sont 4 à 8 fois plus fréquents chez les patients atteints de cancer et la chimiothérapie par cisplatine a été identifiée à plusieurs reprises comme un facteur de risque supplémentaire. Parce que les études qui le démontrent sont souvent rétrospectives et limitées à un seul type de cancer, les auteurs de cette méta-analyse ont cherché à confirmer et approfondir ce lien statistique entre risque de thromboses veineuses et chimiothérapie par cisplatine. 

Trente huit essais cliniques ayant inclus au total 8216 patients traités par chimiothérapie (4154 sous cisplatine et 4062 sans cisplatine).

L’incidence des accidents thromboemboliques veineux était de 1,92% chez les patients recevant du platine et de 0,79% chez ceux qui n’en recevaient pas. Le HR était significativement plus élevé pour les patients recevant du cisplatine à 1,67 (95% CI = 1,25-2,23; P = 0,01). Cette augmentation concernait aussi bien les embolies pulmonaires (26 vs 15) que les thromboses veineuses profondes (53 vs 30) ou les « thromboses non précisées » (41 vs 23).

Les doses étaient classées en basses  (équivalent de 10 à 20 mg/m2 par semaine), intermediaires (équivalent de 20 à 30 mg/m2 par semaine) et élevées  (équivalent > 30mg/m2 par semaine). Ce sont les patients du troisième groupe qui avaient le HR le plus élevé.

Les mécanismes évoqués dans la discussion sont les suivants : Le cisplatine induirait des blessures de l’endothélium vasculaire, une activation plaquettaire et une dérégulation des facteurs prothrombotiques. Il est possible aussi que le dysfonctionnement rénal fréquemment induit puisse jouer un rôle.