Journal of Thoracic Oncology

Comment traiter les adénocarcinomes T1N0 associés à une ou plusieurs zones de verre dépoli homo ou controlatérales ?

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
mai 2016

ROOT

Il n’est pas rare de rencontrer des zones de verre dépoli sur le scanner des patients qui vont être opérés d’un  adénocarcinome invasif et les discussions en RCP sont alors multiples : s’agit-il de lésions bénignes ou malignes ? Dans le cas où elles sont malignes, doit-on les rattacher à cette lésion solide d’adénocarcinome et en faire des métastases ? Ou bien doit on considérer qu’il s’agit de plusieurs cancers différents ?

La question principale, à la quelle tente de répondre cette étude rétrospective monocentrique japonaise est l’impact de la découverte de ces petits nodules en verre dépoli sur la survie ?

Dans cette étude ont été distingués :

  • les adénocarcinomes purement solides étaient définis comme une zone de pure consolidation,
  • les adénocarcinomes partiellement solides devaient avoir une zone de verre dépoli n’excédant pas 50% (le rapport du diamètre de la zone solide au diamètre global de la lésion devait être entre 0,5 et 1).
  • Les zones de verre dépoli étaient définies, soit par du verre dépoli pur, soit par du verre dépoli prédominant ayant un diamètre plus petit que la tumeur principale.

Résultats

Toutes les 473 tumeurs principales de cette étude sont classées cT1A. Parmi celles ci :

  • 90 présentent de plus des nodules en verre dépoli,
  • et 383 n’en présentent pas.

Chez les 2/3 des patients (62/90) qui avaient des zones de verre dépoli,  ces nodules ont été abordés chirurgicalement (125 nodules réséqués au total). La taille moyenne de ces nodules était de 8,7 mm. La moitié d’entre eux était dans le même lobe et 1/3 dans un autre lobe homolatéral. Dans le reste des cas, au moins un nodule était controlatéral. Le diagnostic histologique  était variable, allant de l’hyperplasie atypique à l’adénocarcinome invasif. Elle était bénigne dans 20% des cas.

La plupart des nodules non abordés sont restés stables.

Le taux de survie des patients qui présentaient une ou des lésions de verre dépoli associées était  plus élevé (92,2%) que celui des patients qui n’en présentaient pas (79,9%).  Cette différence était significative (p=0,032).

 

Cette étude est rétrospective et monocentrique et doit de ce fait être interprétée avec prudence. Sa conclusion est que les cancers  qui présentent d’autres lésions en verre dépoli prédominant seraient moins graves,  peut-être parce qu’ils seraient moins invasifs. C’est possible mais c’est difficile de l’affirmer sur cette seule étude rétrospective et monocentrique.

Il nous semble en tout cas que le message fort de cette étude  est la confirmation que c’est le traitement de la lésion principale solide (c’est à dire la plus volumineuse qui est totalement ou à prédominance solide)  qui doit primer,  indépendamment des autres lésions. Bien sûr, chaque fois que c’est possible, l’exérèse des autres lésions doit être réalisée. 

Reference

Oncological Characteristics of Radiological Invasive Adenocarcinoma with Additional Ground-Glass Nodules on Initial Thin-Section Computed Tomography: Comparison with Solitary Invasive Adenocarcinoma.

Hattori A, Matsunaga T, Takamochi K, Oh S, Suzuki K.

J Thorac Oncol 2016; 11 : 729-36

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