Lung Cancer

Comment traiter un adénocarcinome avec mutation activatrice de l’EGFR au cours de la grossesse ?

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
septembre 2014

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L'observation française rapportée ici est celle d'une femme de 33 ans qui est à 26 semaines de gestation lorsqu'elle consulte pour dyspnée progressive et toux sèche qui dure depuis deux mois. Elle a peu fumé pendant trois ans et a stoppé son tabagisme il y a 10 ans (1PA). L’examen clinique et normal et le scanner objective des opacités micronodulaires diffuses, des épaississements péri-bronchovasculaires, un élargissement hilaire et plusieurs masses dont l’une est excavée. La broncho-fibroscopie n’est pas contributive et le diagnostic est fait par biopsie sous scanner : il s’agit d’un adénocarcinome et une recherche de mutation activatrice de l’EGFR est positive pour l’exon 19.

Son état respiratoire se dégrade rapidement avec une saturation d’oxygène à 86 % en air ambiant et une oxygénothérapie de trois litres/minute est nécessaire pour obtenir une saturation autour de 92 %.

Après concertation pluridisciplinaire, un traitement par 250 mg/jour de gefitinib est délivré à partir de la 28éme semaine de gestation.

Sous ce traitement,  en huit jours son état s’améliore de façon spectaculaire et l’oxygénothérapie peut-être interrompue. De même, la radiographie thoracique s’améliore de façon importante. Les examens gynécologiques montrent une croissance fœtale normale. Le gefitinib est poursuivi est une césarienne a eu lieu à 35 semaines permettant la naissance d’un bébé en bonne santé de 2575g.

À ce moment des prélèvements réalisés plus de 16 heures après la dernière prise de gefitinib  montrent dans le plasma maternel une concentration de 127 ng/ml, dans le cordon de 25,7, et dans le liquide amniotique de 16,9 : il n’y avait donc pas d’accumulation fœtale excessive du médicament.

La survie sans progression  sous gefitinib poursuivi a été de 42 semaines. Lors de la progression un traitement par erlotinib puis une bithérapie à base de platine et de pemetrexed ont été entrepris permettant une survie maternelle de 22 mois. A 24 mois, le développement fœtal était normal. 

Cette observation est donc la quatrième rapportée qui concerne l’utilisation d’un inhibiteur de la tyrosine kinase de l’EGFR  pendant la grossesse.

Les bons résultats obtenus ici comme dans la littérature, incitent  à rechercher en urgence dans ce contexte une mutation activatrice de l’EGFR et à entreprendre rapidement ensuite un traitement par gefitinib ou erlotinib. Il est clair enfin que ces observations rares doivent être systématiquement publiées  et que ces données nouvelles doivent enrichir la connaissance de l’efficacité et de la tolérance de ces médicaments au cours de la grossesse.

A propos de l’association de cancer du poumon et de grossesse, le lecteur pourra également se reporter à une revue de cas que nous avions citée sur ce site au début de l’année (/douleur-faciale-et-cancer-broncho-pulmonaire).

Reference

Efficacy and safety of gefitinib during pregnancy: Case report and literature review.

Gil S, Goetgheluck J, Paci A, Broutin S, Friard S, Couderc LJ, Ayoubi JM, Picone O, Tcherakian C.

Lung Cancer; 85 : 481-4.

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer