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Journal of Thoracic Oncology

Proposition par l’IASLC d’une nouvelle méthode d’évaluation de la maladie résiduelle : une nouvelle étude confirmative

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mars 2020

Chirurgie, Classification TNM

Nous venons de commenter sur ce site un important travail de l’IASLC réalisé à partir d’une base de données internationale dans la quelle 85% des patients étaient japonais (cliquer ici). A côté des R0, R1 et R2 de l’UICC, cette étude introduisait une quatrième catégorie, les « résections incertaines » qui regroupait les patients qui n’avaient pas été opéré selon les recommandations internationales et dont le curage ganglionnaire notamment était incomplet. Le pronostic des patients de cette quatrième catégorie était moins bon que celui des R0, notamment chez les patients qui avaient une extension ganglionnaire. 

Voici une deuxième étude dont les résultats sont présentés dans le même numéro de mars du Journal of Thoracic Oncology et dont le but est d’apporter une confirmation des résultats précédents. Cette étude a été réalisée à partir d’une cohorte qui réunissait les données de 3361 résections qui provient de 12 hôpitaux américains entre 2009 et 2019. La définition d’un curage adéquate nécessaire pour juger du caractère complet du curage ganglionnaire imposait l’évaluation du sous carénaire (7) et d’au moins 2  des chaines suivantes :

-       Pour le LSD et le LM, les chaines 2R (para trachéal droit haut), 3 (pré-vasculaire ou rétro-trachéal) et 4R (para trachéal droit bas).

-       Pour le LID 4R, 8 (para-oesophagien) et 9 (ligament pulmonaire).

-       Pour le LSG les chaines 5 (sous-aortiques), 6 (para-aortiques)  

-       Pour le LIG les chaines 8 et 9. 

En utilisant les critères de l’UICC, sur ces 3361 résections, 3203 (95,3%) étaient R0, 143 (4,3%) étaient  R1, et 15 (0,4%) R2. En utilisant ceux de l’IASLC, 1119 (33,3%) étaient R0, 2044 (60,8%) avait une résection jugée incertaine, et 198 (5.9%) étaient R1 ou R2. Comme dans l’étude précédemment commentée, l’absence de curage ganglionnaire effectué selon les recommandations était la cause de cette classification incertaine dans 98 % des cas. 

Comme le montre le tableau ci-dessous l’introduction de ce nouveau paramètre influençait significativement la survie :

 

Classification de l’UICC

Classification de l’IASLC

 

R0

R1

R2

R0

Rés incertaine

R1-R2

Survie à 3 ans (%)

69

40

55

75

67

42

Survie à 5 ans (%)

57

30

47

64

54

33

Durée médiane de survie 

77

25

39

NA

69

25

 Cette étude confirme bien sur une autre population l’intérêt de cette nouvelle classification proposée par l’IASLC et souligne que cette nouvelle classification a le mérite de rappeler que la chirurgie du cancer bronchique doit obéir à des standards. 

On notera que les standards qui sont proposés ici reflètent les pratiques américaines et non européennes, ces dernières étant plus exigeantes sur le choix des chaines ganglionnaires qu’il faut prélever.   Remarquons aussi au passage une nouvelle illustration de l’effet Will-Rogers puisque les malades classés R0 dans la classification de l’IASLC ont une bien meilleure survie que ceux qui sont classé R0 dans la classification de l’UICC. 

 

Reference

Beyond Margin Status: Population-Based Validation of the Proposed International Association for the Study of Lung Cancer Residual Tumor Classification Recategorization.

Osarogiagbon RU, Faris NR, Stevens W, Fehnel C, Houston-Harris C, Ojeabulu P, Akinbobola OA, Lee YS, Ray MA, Smeltzer MP.

J Thorac Oncol 2020; 15 : 371-382

Auteur

Bernard Milleron

Rédacteur en chef d'EM-Onco.