Journal of Thoracic Oncology

Crizotinib en néoadjuvant dans les cancers de stade IIA-N2 : une étude chinoise.

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
mars 2019

Thérapeutique ciblée, Traitement péri-opératoire, ALK

S’il existe des données concernant le traitement adjuvant par thérapeutiques ciblées  des cancers bronchiques non à petites cellules localement avancés (cliquer ici) et (ici), il n’en existe pratiquement pas concernant les traitements néoadjuvants (cliquer ici). Par ailleurs les études de traitement adjuvant publiées concernent les patients qui présentent des mutations activatrices de l'EGFR et non des translocations ALK-EML4. L’originalité de cette petite étude menée sur 11 patients  est donc qu’elle porte sur le traitement néoadjuvant de patients présentant un cancer bronchique non à petites cellules N2 avec translocation ALK-EML4. 

C’est une étude rétrospective chinoise qui porte donc sur des patients dont le cancer bronchique non à petites cellules, non antérieurement traité, présente une extension N2 avec confirmation histologique et tous ces cancers présentent un réarrangement ALK. Tous sont traités par crizotinib à une dose initiale de 250 mg, 2 fois par jour avec une durée médiane de traitement néoadjuvant de 30 jours (28-120). 

Dix patients  ont eu une réponse partielle et le onzième une stabilité. 

La chirurgie a été possible dans tous les cas avec un intervalle médian de 11 jours depuis la dernière prise de crizotinib. Dix lobectomies et 1 pneumonectomie ont été réalisées.  Deux patients ont eu une réponse complète histologique et 3 un downstaging ganglionnaire. Aucune complication post-opératoire n’a été observée. 

En revanche une toxicité hépatique de grade 4 a été observée chez l’un des patients qui a eu une réponse complète histologique. 

Quatre patients ont eu un traitement adjuvant par crizotinib relativement court (3 à 12 mois) et 2 d’entre eux ont récidivé un et deux mois après l’arrêt de ce traitement. Cinq patients ont reçu une chimiothérapie ou une radiochimiothérapie post-opératoire.

Six patients ont récidivé et la survie sans maladie médiane des patients qui ont récidivé était de 10,1 mois. Les 5 autres patients n’ont pas récidivé. 

Une étude moléculaire de prélèvements tissulaires et plasmatiques itératifs chez un patient n’a pas permis de mettre en évidence des mutations de résistance. 

Il  faut souligner l’intérêt de cet article, même s’il s’agit d’une étude avec de petits effectifs et si celle-ci est rétrospective. Obtenir 10 réponses objectives chez 11 malades par un court traitement oral d’un mois est suffisamment important pour être salué comme une nouveauté qui ouvre la porte à des études prospectives portant sur davantage de malades de stade IIIA-N2. Il nous semble que, du fait des récidives précoces qui ont été observées chez certains malades,  ces études devront associer au traitement néoadjuvant un traitement adjuvant très prolongé. On sait qu'il est  possible d’administrer un traitement de 2 ans avec les inhibiteurs de la tyrosine kinase de l’EGFR (cliquer ici), et on ne voit pas pourquoi il ne serait pas possible de le faire avec les anti-ALK.  

 

Reference

Neoadjuvant Crizotinib in Resectable Locally Advanced Non-Small Cell Lung Cancer with ALK Rearrangement.

Zhang C, Li SL, Nie Q, Dong S, Shao Y, Yang XN, Wu YL, Yang Y, Zhong WZ.

J Thorac Oncol 2019 ; 14 : 726-731 

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