Lancet oncology

Dacomitinib versus erlotinib : une étude de phase III

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
octobre 2014

Thérapeutique ciblée, Traitement des stades IV

Le dacomitinib est un inhibiteur irréversible des récepteurs EGFR. Nous avions sur ce site signalé il y a un peu plus de deux ans une étude de phase II randomisée comparant dacomitinib et erlotinib (/prev-em-onco/3048). Chez les 188 patients qui avaient été inclus, la PFS médiane était significativement augmentée (2,86 mois pour le dacomitinib et 1,91 mois pour l’erlotinib (HR = 0.66, 95%CI, 0.47-0.91, p = O .012). Nous avions cependant noté que la proportion de sujets mutés EGFR était différente dans les deux bras puisqu’il y avait 20,2% de mutés dans le bras dacomitinib vs 11,7%  dans le bras erlotinib.

Deux objectifs principaux ont été retenus pour cette étude internationale de phase III comparant dacomitinib et erlotinib chez des malades atteints de cancers bronchiques non à petites cellules étendus et progressant après une ou deux lignes de chimiothérapie : la survie sans progression  chez l’ensemble des patients et la survie sans progression  chez les patients KRAS sauvages. Plusieurs objectifs secondaires étaient proposés (survie globale, réponse, toxicité notamment).

Au total 878 patients ont été inclus dans celle étude et les caractéristiques des patients étaient bien réparties dans les deux bras. Le suivi médian de l’ensemble des patients a été de 7,1 mois.

La survie sans progression  ne différait pas significativement pour l’ensemble des malades : elle était à 1,9 mois dans les deux groupes (HR 0,891, 95% CI 0,771–1,030; p=0,06). Elle ne différait pas non plus chez les patients KRAS sauvages.

La médiane de survie était de 7,9 mois pour les patients du groupe dacomitinib et 8,4 pour ceux du groupe erlotinib. Cette différence n’était pas significative.

Les taux de réponse ne différaient pas non plus de façon significative ( 11 % vs 8 %).

Deux décès rattachés au traitement ont été rapportés dans le bras dacomitinib (pneumopathie interstitielle diffuse, insuffisance cardiaque). Aucun décès n’a été en revanche rapporté dans le bras erlotinib. L’incidence des effets de grade 3 et 4 a été également significativement supérieure dans le bras dacomitinib.

Les données concernant les mutations EGFR ne sont pas matures car plusieurs sujets présentant une mutation activatrice de l’EGFR sont encore en cours de traitement. Actuellement en effet seulement 51% de ces patients ont progressé : les survies sans progression   sont les mêmes dans les 2 bras (11 vs 10,9 mois).

Comparé à l’erlotinib, le dacomitinib n’est pas supérieur dans la population générale, pas plus qu’il ne l’est dans une population de patients sélectionnés comme KRAS négatifs ou EGFR mutés.

Reference

Dacomitinib versus erlotinib in patients with advanced-stage, previously treated non-small-cell lung cancer (ARCHER 1009): a randomised, double-blind, phase 3 trial

Ramalingam SS, Jänne PA, Mok T, O'Byrne K, Boyer MJ, Von Pawel J, Pluzanski A, Shtivelband M, Docampo LI, Bennouna J, Zhang H, Liang JQ, Doherty JP, Taylor I, Mather CB, Goldberg Z, O'Connell J, Paz-Ares L

Lancet Oncol, Available online 15 October 2014

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