Journal of Clinical Oncology

Dacomitinib versus Gefitinib en première ligne des patients mutés EGFR : de nouveaux résultats de l’étude de phase III ARCHER 1050 présentés à l’ASCO.

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
juin 2018

Thérapeutique ciblée, EGFR

Nous avons commenté sur ce site en octobre 2017 les premiers résultats de l’étude ARCHER 1050 qui comparait le dacomitinib,un inhibiteur de la tyrosine kinase de l’EGFR de deuxième génération, au gefitinib chez des patients porteurs de mutation activatrice de l'EGFR.Il s’agissait d’une étude randomisée de phase III internationale à promotion industrielle. Cette étude avait été menée dans 71 centres essentiellement asiatiques et européens. Elle était proposée à des patients atteints de cancers bronchiques non à petites cellules de stades IIIB ou IV, présentant au moins une lésion mesurable.  Ils étaientrandomisés pour recevoir soit 45 mg/jour de dacomitinib, soit 250 mg/jour de gefitinib.  L'objectif principal était la survie sans progression établie par un comité de lecture indépendant. La survie globale était l’un des objectifs secondaires. 

En 2 ans, 452 patients avaientété randomiséset les caractéristiques des patients des deux groupes étaient bien réparties.Lors de la première publication la durée médiane de suivi était de 22,1 mois.A cette date, la survie sans progression était significativement plus élevée sous dacomitinib à14,7 versus9,2 moissous gefitinib. Les durées de réponse étaient également beaucoup plus longues sous dacomitinib mais la toxicité était aussi plus importante sous dacomitinib (cliquer ici).

Voici maintenant les données de survie observées dans cette étude qui ont été présentées hier à l’ASCO puis  publiées aujourd’hui dans le Journal of Clinical Oncology. 

Avec une durée médiane de suivi plus longue puisque de 31,1 mois dans le bras d’un dacomitinib  et de 31,4 mois dans le bras gefitinib, 220 décès sont survenus, 103 dans  le bras d’un dacomitinib  et 117 mois dans le bras gefitinib.

La durée de survie est significativement plus longue dans le bras dacomitinib que dans le bras gefitinib (tableau ci-dessous) :

 

Dacomitinib

Gefitinib

p

HR

0,760; 95% CI, 0,582-0,993

0.043

Durée médiane de survie (mois)

34,1

26,8

 

Taux de survie à 30 mois (%)

56,2

46 ,3

 

Une progression cérébrale est survenue dans un cas sous dacomitinib et dans 11 cas sous gefitinib.

La différence de HR de survie entre les patients traités par dacomitinib et ceux traités par gefitinib était moins importante chez les patients qui avaient une délétion de l’exon 19 que chez ceux qui avaient une mutation L858 R (0,88 versus 0,70). 

Des différences de durées médianes de survie à la faveur du dacomitinib existaient aussi bien chez les patients asiatiques (34,2 vs 29,1 mois) que non asiatiques (29,5 vs 20,6 mois)  sans que ces différences n’atteignent la significativité.

Les principaux traitements reçus lors de la progression ne semblent pas être à l’origine de ces résultats car ils sont assez bien répartis en ce qui concerne la chimiothérapie (27,8 % dans les bras dacomitinib et 36,6 % dans le bras gefitinib) et surtout un inhibiteur de la tyrosine kinase de troisième génération  (9,7 % dans les bras dacomitinib et 11,1 % dans le bras gefitinib). 

L’étude LUX-LUNG 7 qui comparait l’afatinib, un autre inhibiteur de la tyrosine kinase de deuxième génération, au gefitinib avait démontré un bénéfice de survie sans progression mais pas un bénéfice de survie (cliquer ici). L’étude FLAURA qui comparait l’osimertinib à un inhibiteur de la tyrosine kinase de première génération (gefitinib ou erlotinib) a démontré un important bénéfice de survie sans progression médiane (18,9 vs 10,2 mois) et une toxicité moindre mais les données de survie ne sont pas encore matures (cliquer ici)

Le dacomitinib est donc bien pour l’instant comme, le soulignent les auteurs, le seul inhibiteur de la tyrosine kinase de nouvelle génération qui ait démontré un bénéfice de survie par rapport à un inhibiteur de la tyrosine kinase de première génération. Va-t-il devenir un standard de traitement de première ligne et si oui quelle sera la fréquence des mutations T790M au moment de la récidive permettant de prévoir l'activité de l'osimertinib en deuxième ligne ?  Ou l'osimertinib va-t-il s'imposer très vite dés la première ligne si les données de survie globale de l'étude FLAURA sont positives ?

 

 

Reference

Improvement in Overall Survival in a Randomized Study That Compared Dacomitinib With Gefitinib in Patients With Advanced Non-Small-Cell Lung Cancer and EGFR-ActivatingMutations.

Mok TS, Cheng Y, Zhou X, Lee KH, Nakagawa K, Niho S, Lee M, Linke R, Rosell R, Corral J, Migliorino MR, Pluzanski A, Sbar EI, Wang T, White JL, Wu YL.

J Clin Oncol. 2018 Jun 4  [Epub ahead of print]

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