Journal of Thoracic Oncology

Survie à 5 ans des cancers métastatiques présentant une mutation EGFR et traités par erlotinib ou gefitinib.

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
avril 2016

Thérapeutique ciblée, Traitement des stades IV, EGFR, Biomarqueurs / Facteurs pronostiques et/ou prédictifs

Les médianes de survie et de survie sans progression  des patients qui présentent un cancer bronchique non à petites cellules métastatiques avec une mutation activatrice de l’EGFR et qui sont traités par inhibiteurs de la tyrosine kinase de l’EGFR sont maintenant bien connues : les survies sans progression médianes sont de 10 à 12 mois et les survies médianes en général supérieures à 2 ans.   Peu de données en revanche concernant la survie à long terme sont disponibles.

Population étudiée

Le but de ce travail était de définir les taux de survie à 5 ans chez des patients qui présentent des adénocarcinomes métastatiques et sont traités par inhibiteurs de la tyrosine kinase de l’EGFR.  Les 137 patients inclus dans cette étude devaient avoir été pris en charge au Dana-Farber Cancer Institute entre 2002 et 2009, présenter un adénocarcinome avec une mutation activatrice de l’EGFR et avoir reçu du gefitinib ou de l’erlotinib.

Il s’agissait en majorité de femmes (77%), il y avait moins de 10% d’asiatiques, 56,2% étaient non-fumeurs, 40,1% anciens fumeurs et seulement 3,6% étaient fumeurs. Plus des 3/4 présentaient un stade IVA (30,7%) ou IVB (46,7%). Les 22,6% restant présentaient une récidive d’un stade I-III. Des métastases extrathoraciques étaient observées dans 57,7 % des cas. La plupart des mutations étaient usuelles (délétion19 dans 55,5% des cas  et mutation L858R dans 34,3% des cas). La grande majorité des patients (88,3%) ont reçu de l’erlotinib. L’inhibiteur de la tyrosine kinase de l’EGFR était administré le plus souvent en première ligne (67,9%) ou en deuxième (27,7%).

Survie

La survie sans progression  médiane de cette cohorte était de 12,1 mois et la survie médiane de 30,9 mois.

Vingt patients (14,6%) ont survécu plus de 5 ans et la moitié d’entre eux (7,3% de la cohorte) étaient encore en vie à la date de collection des données avec un temps de suivi médian de 89,8 mois (60,1-91,6 mois).

Les patients qui progressaient sous inhibiteurs de la tyrosine kinase de l’EGFR  à un délai court (moins de 44 jours)  avaient une survie très courte de l’ordre de 7,7 mois.

Selon qu’ils ont vécu moins de deux ans, entre 2 et 5 ans ou plus de 5 ans, les patients ont été partagés en 3 groupes.

L’âge, le sexe, le tabagisme, le stade initial, le fait d’avoir une métastase hépatique ou surrénalienne, l’inhibiteur de la tyrosine kinase de l’EGFR reçu et la ligne de traitement par inhibiteur de la tyrosine kinase de l’EGFR n’étaient pas significativement liés à la survie. En revanche, les facteurs suivants étaient associés avec une prolongation de la survie : métastases exclusivement thoraciques, absence de métastases osseuses ou cérébrales, et de façon marginale type de mutation.

En analyse multivariée, les facteurs significativement associés de façon indépendante avec la survie globale étaient les suivants :

 

HR

95% CI

p

Délétion de l’exon 19

0,63

0,44-0,91

O,01

Pas de métastases extrathoraciques

0,62

0,41-0,93

0,02

Pas de métastases cérébrales

0,48

0,30-0,77

0,002

Pas de tabagisme actif

0,23

0,09-0,59

0,002

Cette étude très intéressante a les limites d’une étude rétrospective. Elle apporte néanmoins des connaissances précises sur le nombre de patients métastatiques et présentant des mutations de l’EGFR dont la survie  dépasse 5 ans, elle montre que l’absence de métastases extrathoraciques et surtout l’absence de métastases cérébrales et l’absence de tabagisme actifs sont pronostiques. Elle démontre aussi que pour l’erlotinib et le gefitinib, comme pour l’afatinib (cliquer ici), la délétion de l’exon 19 et pronostique.

 

 

Reference

Five-Year Survival in EGFR-Mutant Metastatic Lung Adenocarcinoma Treated with EGFR-TKIs.

Lin JJ, Cardarella S, Lydon CA, Dahlberg SE, Jackman DM, Jänne PA, Johnson BE.

J Thorac Oncol 2016; 11 : 556-65

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer