Journal of Clinical Oncology

Gefitinib ou erlotinib ? Une étude de non infériorité menée au Japon

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
avril 2016

Thérapeutique ciblée, EGFR

Cette étude de phase III  est, nous semble-t-il,  la seule étude randomisée de phase III  publiée qui compare les deux inhibiteurs de la tyrosine kinase de l’EGFR de première génération, le gefitinib et l’erlotinib. Il s’agit d’une étude institutionnelle dont le promoteur est le West Japan Oncology Group qui a été conçue comme une étude de non infériorité du gefitinib par rapport à l’erlotinib.  

Méthodes

Pour affirmer la non infériorité, la limite supérieure de l’intervalle de confiance du hazard ratio  ajusté devait être inférieure à 1,30.  

Pour être éligibles, les patients de PS ≤2 devaient avoir un adénocarcinome de stade IIIB ou IV  et avoir été traité par au moins une ligne de chimiothérapie. Les analyses programmées étaient  le sexe, le stade, le PS, le tabagisme et le statut mutationnel.

Résultats

Au total, 561 patients ont été inclus en 3 ans dans 63 hôpitaux japonais. A l’exception du PS, les caractéristiques des patients des deux groupes étaient réparties de façon identique. Il y avait 66,4% des patients qui présentaient une mutation usuelle de l’EGFR. Le statut EGFR était inconnu chez 10,7% des malades.

Cette étude est donc négative sur son objectif principal, compte tenu du fait que la limite supérieure  du HR ajusté de survie sans progression  est à 1,34.

Les chiffres de survie sans progression ou de survie globale de l’ensemble de la population et les chiffres de survie sans progression  de l’ensemble des mutés,  de ceux qui avaient une délétion 19 ou une mutations L858R et des  EGFR sauvages sont indiqués sur le tableau ci-dessous :

 

Erlotinib

Gefitinib

HR

Ensemble des patients

PFS 

7,5 (6,3-8,5)

6,5 (5,9-7,6)

1,12 (0.94-1,34)

Survie globale

24,5

22,8

1,03 (0,8-1,2)

Sous populations de malades (PFS)

Mutés EGFR

10

8,3

1,09 (0,8-1,3)

Délétion 19

11,5

11,1

1,12 (8,1-14,7)

MutationL858R

8,5

8,1

0,93 (0,6-1,3)

EGFR sauvages

1,7

2

1,2 (0,8-1,9)

Comme attendu, la toxicité été supérieure chez les patients traités par erlotinib avec par exemple une incidence de toxicité cutanée de grade 3 à 18,1 % sous erlotinib versus 2,2 % sous gefitinib.

En ce qui concerne le traitement qui succédait à l’étude, il n’y avait pas de différence significative du nombre de patients qui recevaient un agent anticancéreux ou une radiothérapie. Dans le groupe gefitinib, 17,2 % des patients recevaient ensuite un inhibiteur de la tyrosine kinase de l’EGFR contre seulement 10% dans le bras erlotinib.

Cette étude n’est donc pas parvenue à démontrer une non infériorité du gefitinib, mais il s’agit d’une étude japonaise dont les résultats ne sont pas obligatoirement transposables aux populations européennes. 

Reference

Randomized Phase III Study Comparing Gefitinib With Erlotinib in Patients With Previously Treated Advanced Lung Adenocarcinoma: WJOG 5108L.

Urata Y, Katakami N, Morita S, Kaji R, Yoshioka H, Seto T, Satouchi M, Iwamoto Y, Kanehara M, Fujimoto D, Ikeda N, Murakami H, Daga H, Oguri T, Goto I, Imamura F, Sugawara S, Saka H, Nogami N, Negoro S, Nakagawa K, Nakanishi Y.

J Clin Oncol. 2016 Mar 28. pii: JCO634154. [Epub ahead of print]

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