Journal of Clinical Oncology

Dans une grande étude de cohorte américaine la lobectomie est supérieure à la résection limitée

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
octobre 2015

Chirurgie

Le but de cette étude rétrospective réalisée à partir de la SEER database est de savoir si les résections limitées réalisées chez les sujets de plus de 65 ans donnent des résultats identiques à ceux des lobectomies.

Ainsi ont été revus plus de 4000 dossiers de patients de plus de 65 ans, diagnostiqués entre 1998 et 2010 et qui ont été opérés par lobectomie ou résection limitée d’un cancer bronchique non à petites cellules  de stade IA de taille ≤2 cm. Après avoir écarté les cancers bronchioloalvéolaires et les cancers d’histologie autre qu’adénocarcinome ou épidermoïde, il restait dans l’étude 3147 patients : 64% d’adénocarcinomes et 36% d’épidermoïdes.

Parmi ceux ci, 29% des patients ont eu une chirurgie limitée, 23% une résection en coin (wedge) et 6% une segmentectomie.

Les caractéristiques des patients des deux groupes n’étaient pas réparties de façon identique :

-       les patients traités par chirurgie limitée pour un adénocarcinome étaient significativement plus âgés, plus fréquemment célibataires, avaient plus de comorbidités, avaient plus de petites tumeurs, moins de ganglions prélevés, et avait plus  de vidéochirurgies.

-       Ceux qui étaient opérés par chirurgie limitée d’un cancer épidermoïde étaient significativement plus âgés, plus fréquemment de sexe féminin, avaient plus de comorbidités, avaient plus de petites tumeurs Comme les adénocarcinomes, ils avaient aussi significativement  moins de ganglions prélevés, et avait plus  de vidéochirurgies.

Les analyses ont été réalisées en calculant un score de propension prenant en compte les facteurs démographiques, les comorbidités, le statut fonctionnel et les caractéristiques de la tumeur.

Les courbes de survie et de survie spécifique ajustées sur un modèle de Cox étaient toutes significativement en faveur de la lobectomie pour les 2 histologies, que les patients aient moins ou plus de 70 ans. Une seule exception concernait les adénocarcinomes traités par segmentectomie qui avaient une survie identique à celle des malades traités par lobectomie.  

Le lecteur pour tirer les conséquences de  cette importante étude devra garder en mémoire trois points qui nous semblent importants et qui doivent conduire à interpréter cette étude avec prudence : 1) les caractéristiques des patients traités par lobectomie et celles des patients traités par segmentectomie étaient extrêmement différente. Certes l’utilisation d’un score de propension a du en partie gommer ces différences, mais il est probable que ces différences aient tout de même joué un certain rôle. 2) les résections limitées sont très majoritairement constituées de wedges et non de segmentectomies et ce n’est très probablement la même chose. 3) cette étude a volontairement écarté les cancers bronchioloalvéolaires de petit volume pour lesquels la question reste ouverte. 

Reference

Limited Resection Versus Lobectomy for Older Patients With Early-Stage Lung Cancer: Impact of Histology.

Veluswamy RR, Ezer N, Mhango G, Goodman E, Bonomi M, Neugut AI, Swanson S, Powell CA, Beasley MB, Wisnivesky JP.

J Clin Oncol 2015; 33:3447-53

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