Journal of Clinical Oncology

Déceler des métastases occultes dans les ganglions

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
mai 2016

Traitement des stades III, Chirurgie, Anatomo-pathologie

Une des explications à l’hétérogénéité du pronostic des cancers de stades précoces opérés est qu‘il existerait des métastases occultes non décelées dans les ganglions régionaux ou dans le sang périphérique ou la moelle osseuse et une recherche active a été menée depuis plus de 10 ans pour tenter de le démontrer.

L’étude CALGB 9761, dont certains résultats avaient déjà été communiqués, est une étude très ancienne puisqu’elle a été conçue il y a près de 20 ans et conduite de 1997 à 2002, ce qui est intéressant puisque le suivi médian des patients qui ont été inclus est de 8,4 ans.

L’objectif principal de cette étude était de savoir si la détection de métastases occultes par immunohistochimie ou RT-PCR dans des ganglions négatifs à l’examen histologique usuel était ou non associé avec une mauvaise survie chez des patients qui avaient été opérés de cancers bronchiques non à petites cellules de stade I (dans la 6e TNM). Dans cette étude déjà ancienne, la TEP-FDG n’était pas demandée et la chimiothérapie néo-adjuvante n’était pas autorisée.

Résultats

L’immunohistochimie était réalisée pour les cytokératines AE1/AE3 et la RT-PCR-PCR était réalisée pour l’antigène carcinoembryonnaire.

Sur 502 patients inclus, 304 avaient un cancer bronchique non à petites cellules qui était finalement classé pT1N0 (58%) ou pT2N0 (42%).

L’immunohistochimie a été réalisée chez 298 de ces 304 patients. Quarante et un d’entre eux (13,8%) avaient une immunohistochimie  positive. Les caractéristiques des patients positifs et négatifs étaient réparties de façon identique.

La survie globale et la DFS des patients des deux groupes ne différaient pas. Cependant dans un modèle de Cox,  l’âge élevé,  le sexe masculin et un  PS à 1 ou 2 étaient significativement corrélés avec une diminution de la survie et après ajustement à ces covariables, la survie globale était significativement corrélée avec l’immunohistochimie lorsque celle-ci était positive au niveau des ganglions médiastinaux (HR=2,04, 95% CI : 1,14-3,66). Les patients classés N2 après immunohistochimie avaient un taux de survie à 5 ans de 50 %. Il était à 66,9 % chez ceux pour l’immunohistochimie  était négative (p=0,017).

En revanche,  il n’y avait pas de différence significative de survie chez les patients classés N1 après immunohistochimie.

La RT-PCR a été réalisée chez 256 patients, aucune différence significative de survie n’a été en revanche objectivée.   

Ainsi dans cette étude, la découverte de métastases ganglionnaires médiastinales en immunohistochimie chez des patients  dont la tumeur était initialement classée pT1N0M0 ou pT2N0MO, était significativement liée à la survie globale. Ce travail est une forte incitation à la poursuite d’une recherche active dans ce domaine.  

Reference

Detection of Occult Micrometastases in Patients With Clinical Stage I Non-Small-Cell Lung Cancer: A Prospective Analysis of Mature Results of CALGB 9761 (Alliance).

Martin LW, D'Cunha J, Wang X, Herzan D, Gu L, Abraham N, Demmy TL, Detterbeck FC, Groth SS, Harpole DH, Krasna MJ, Kernstine K, Kohman LJ, Patterson GA, Sugarbaker DJ, Vollmer RT, Maddaus MA, Kratzke RA.

J Clin Oncol 2016; 34 : 1484-91

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