Lung Cancer

Deux cancers présentant un réarrangement ALK à 15 ans de distance. Cancers métachrones ou métastase ?

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
avril 2013

Biomarqueurs / Facteurs pronostiques et/ou prédictifs

Pour différencier une métastase tardive d’un second cancer primitif métachrones, on utilise souvent les critères qu’avaient proposé Martini et Melamed il y a près de 40 ans (/depister-suppose-de-sorganiser). On ajoute souvent maintenant que les critères biologiques vont probablement aider à savoir si une nouvelle lésion est plutôt un deuxième cancer ou une métastase. Voilà un article qui ne va pas simplifier le débat.

L’observation rapportée est celle d’un homme de 43 ans en 1995 qui est opéré à cette date par lobectomie supérieure droite d’un adénocarcinome pT2aN0M0. Il consulte 15 ans plus tard, en 2010, pour une pneumopathie infectieuse qui régresse sous antibiotiques mais persite un nodule du lobe moyen dont la biosie radioguidée révèle qu’il s’agit à nouveau d’un adénocarcinome.

Il s’agit donc selon les critères de Martini d’un second cancer.

L’ARN a pu être extrait des prélèvements congelés et ni des mutations EGFR, ni des mutations KRAS n’ont été décelées sur les deux tumeurs. En revanche en FISH un réarrangement ALK-EML4 a été observé.

Aucun traitement complémentaire n’a été institué. A 2 ans, le patient est indemne de toute récidive.

Le diagnostiques de métastase du premier cancer a été retenu par les auteurs qui pensent que les critères de Martini doivent être révisés.

 

Cette conclusion nous semble discutable pour plusieurs raisons :

  1. On nous dit que ce malade a été suivi par scanner pendant 5 ans puis ensuite par radiographie pulmonaire. Il faudrait donc admettre que cette lésion à croissance extrêmement lente ait été invisible sur un scanner 10 ans avant et sur une radiographie pulmonaire 5 ans avant. Supposons qu’elle n’ait mesuré que 4 mm au dernier scanner 10 ans plus tôt, ce qui est compatible avec sa non détection, cela signifierait qu’elle aurait un temps de doublement de 2 ans et demi… Ce qui est plus qu’inhabituel pour un adénocarcinome à forme solide tel que nous le montre le scanner. On sait de plus que les patients qui présentent une translocation ALK et ne sont pas traités ont une survie identique à celle des autres adénocarcinomes (/prev-em-onco/2298).
  2. Des cancers différents peuvent avoir la même mutation, soit pour des raisons génétiques soit pour des raisons environnementales.

Nous resterons donc devant ce cas sur une incertitude et rien ne permet pour l’instant de trancher, même si nous avons la conviction qu’il s’agit plutôt de 2 cancers. 

Reference

Solitary pulmonary metastasis from lung cancer harboring EML4-ALK after a 15-year disease-free interval.

Tomizawa K, Ito S, Suda K, Fukui T, Usami N, Hatooka S, Kuwano H, Yatabe Y, Mitsudomi T.

Lung Cancer 2013; 80 : 99-101

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer