Lung Cancer

Encore une étude de phase II qui porte sur le Bevacizumab dans le mésothéliome

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
septembre 2012

Mésothéliomes

Beaucoup d’arguments laissent à penser que les anti-angiogéniques devraient être actifs dans les mésothéliomes : la densité en microvaisseaux est un facteur de mauvais pronostic et les lignées tumorales sécrètent de  grandes quantités de VEGF dont l’expression est détectée dans la majorité des biopsies.

Une étude de phase II randomisée a été publiée cette année et longuement analysée sur ce site par Gérard Zalcman (/valeur-pronostique-du-statut-mutationnel-determine-sur-ladn-plasmatique). Elle comparait avec comme objectif principal la PFS l’association cisplatine-gemcitabine et placebo à cette même chimiothérapie avec du bevacizumab : cette étude n’avait pas réussi à montrer un bénéfice lié au bevacizumab, mais avait identifié le taux de VEGF sérique comme un facteur à la fois pronostique et prédictif de la survie chez des patients avec mésothéliome et recevant du bevacizumab.

L’étude de phase II publiée ici traite par 6 cycles de pemetrexed 500 mg/m2, cisplatine 75 mg/m2 et bevacizumab 15 mg/kg puis bevacizumab en maintenance chez les répondeurs et stabilisés les patients atteints de mésothéliome malin non accessibles à la chirurgie.

L’objectif de cette étude monobras était d’observer une augmentation de la PFS de 33% par rapport aux données de la littérature où selon les auteurs elle est estimée à 5,7 mois avec la seule chimiothérapie (mais la référence citée est celle de Vogel où ce n’est pas la PFS mais le TTP qui est rapporté. Ceci  est très différent et constitue un biais en rendant l’objectif plus élevé puisque dans le TTP les décès ne sont pas pris en compte[1]).

Au total 53 patients atteints de mésothéliome dont 44 de mésothéliomes pleuraux ont été inclus. La toxicité de la chimiothérapie attendue (11% de neutropénies de grade 3 ou 4) mais deux décès sont considérés comme possiblement attribuables au bevacizumab : un accident vasculaire cérébral dans la suite du quel a été constatée une fibrillation auriculaire et une occlusion intestinale que les auteurs pensent être liée à une hypothétique fistule digestive.

Avec un suivi médian de 13,3 mois, la PFS à 6 mois était de 56% et la PFS médiane de 6,9 mois. La survie globale médiane était de 14,8 mois.

Une analyse non prévue ultérieure montre que les 44 patients avec un mésothéliome pleural avaient une PFS un peu inférieure à l’ensemble des malades (52% et 6,6 mois).

Cette étude de phase II monobras et à petits effectifs présentée comme négative nous semble possiblement biaisée parce qu’elle se réfère à une étude de phase III mais ne prend pas le même critère jugement que celle-ci.

Attendons l’étude de phase III de l’IFCT,  IFCT-GFPC-0701 MAPS  qui compare la même association à un traitement de contrôle par cisplatine et pemetrexed et qui seule sera susceptible de répondre à cette question. Les 3/4 des inclusions sont réalisées à ce jours et l’inclusion doit être la priorité de tous (http://www.ifct.fr)

 

 

 


[1] Le time to tumor progression (TTP), est défini comme le temps qui sépare la randomisation de la progression alors que la progression-free survival (PFS) est définie comme le temps qui sépare la randomisation de la progression ou du décès.

Reference

A multicenter phase II study of cisplatin, pemetrexed, and bevacizumab in patients with advanced malignant mesothelioma.

Dowell JE, Dunphy FR, Taub RN, Gerber DE, Ngov L, Yan J, Xie Y, Kindler HL.

Lung Cancer 2012; 77 : 567-71. 

51 lectures

Coup de ♥ du mois

Risque de cancer du poumon chez les mineurs exposés à de faible taux de radon

novembre 2015

Si les données concernant les expositions à de fortes concentrations de radon sont bien connues,...

Lire la suite
Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer