Journal of Thoracic Oncology

Valeur pronostique du statut mutationnel déterminé sur l’ADN plasmatique

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
avril 2015

Thérapeutique ciblée, Biomarqueurs / Facteurs pronostiques et/ou prédictifs

Des publications récentes ont suggéré que, chez les patients atteints de cancer bronchique non à petites cellules,  l’étude de l’ADN plasmatique pouvait offrir une alternative à l’examen des biopsies pour la détermination du statut mutationnel EGFR (/tabagisme-egal-il-semble-bien-que-le-risque-des-femmes-soit-superieur, /la-detection-dun-gene-de-fusion-eml4-alk-sur-les-prelevements-cytologiques-semble). Dans cette étude monocentrique prospective menée à Taiwan ont été étudiées les modifications dynamiques sous traitement. Le plasma était recueilli à T0, à 10 semaines de traitement et lors de la progression pour une analyse selon une méthode différente (PNA–ZNA PCR clamp method).

Sur 72 échantillons tumoraux analysés à T0, il y avait 10 EGFR non mutés, et 62 mutés (34 délétions 19 et 28 mutations L858R).

La sensibilité pour détecter les mutations dans l’ADN plasmatique était beaucoup plus élevée pour les cancers métastatiques M1b que pour les cancers de stade III ou M1a. Il n’y a pas eu de faux positif (tableau ci dessous)

 

Stades III-M1a

Stades IV-M1b

N

24

48

Mutés (tumeur)

21

41

Mutés (ADN plasmatique) (%)

5 (23,8)

32 (78)

Non mutés (tumeurs)

3

7

Non mutés (ADN plasmatique)

0

0

Le seul facteur corrélé avec la positivité de l’étude de l’ADN plasmatique était la dissémination tumorale : les taux de positifs étaient beaucoup plus élevés chez les patients porteurs d’un stade IV M1b. En revanche le type de mutations n’intervenait pas.

Les 62 patients présentant une mutation activatrice de l’EGFR ont reçu un inhibiteur de la tyrosine kinase de l’EGFR en première ligne. Le taux de réponse était de 74,2 %, le taux de contrôle de la maladie de 82,3 %, les patients qui avaient une délétion 19 avaient un taux de réponse supérieur à celui des patients qui avaient une mutation L858R.  La PFS était de 8,8 mois et la médiane de survie de 20,5 mois.

Parmi ces patients,  37 avaient des mutations détectables dans leur ADN plasmatique. Il n’y avait pas de différence significative entre le taux de réponses des patients qui avaient ou non des mutations plasmatiques.

En ce qui concerne les modifications des taux plasmatiques, trois groupes de patients ont été définis :

  • les 25 patients sans mutation plasmatique sont restés négatifs (groupe A).
  • 28 patients, initialement positifs, ont eu sous traitement une disparition de leurs mutations  (groupe B)
  • 9 patients sont restés positifs sous traitement (groupe C).

Les taux de réponse et de contrôle de la maladie et les chiffres de survie sans progression  et de survie globale sont indiqués dans le tableau ci-dessous :

Groupe

A

B

C

P (comparaison A et B vs C)

Mutations non détectables

Négativation

Persistance d’une positivité

Réponse (%)

72

85,7

44,4

0,042

Taux de contrôle (%)

84

89,3

55,6

0,044

Survie sans progression  (mois)

10,6

10,9

4,8

<0,001

Survie globale (mois)

NA

20,5

10,8

0,002

La comparaison des groupes A et B d'une part au groupe C d'autre part montrait une différence significative. En analyse multivariée, la persistance d’une positivité est significativement prédictive d’un taux de contrôle de la maladie bas, et d’une réduction de le survie sans progression et de la survie globale.

Si cette très belle étude est confirmée le statut mutationnel plasmatique évalué par cette technique permettra demain de  prévoir l’évolution des patients présentant une mutation activatrice de l’EGFR et traités par inhibiteurs de la tyrosine kinase de l’EGFR.

Reference

Dynamic Plasma EGFR Mutation Status as a Predictor of EGFR-TKI Efficacy in Patients withEGFR-Mutant Lung Adenocarcinoma.

Tseng JS, Yang TY, Tsai CR, Chen KC, Hsu KH, Tsai MH, Yu SL, Su KY, Chen JJ, Chang GC.

Tseng JS, et al, J Thorac Oncol 2015; 10 : 603-10.

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer