Journal of Thoracic Oncology

La radiothérapie palliative des mésothéliomes

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
juin 2015

Mésothéliomes, Radiothérapie / Radiofréquence

La radiothérapie est souvent utilisée dans un but symptomatique pour le traitement des douleurs des patients atteints de mésothéliome sans que le bénéfice de ce traitement ne soit clairement démontré par des études souvent rétrospectives et très hétérogènes (http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/24314815).

Cette étude de phase II, prospective et multicentrique anglaise avait pour but de répondre à cette question en évaluant l’impact d’une radiothérapie prospective sur les douleurs. Les patients  étaient considérés comme répondeurs si une diminution de 30% des douleurs était obtenue, 5 semaines après une radiothérapie, qui était administrée à la dose de 20 Gy et 5 fractions.

Pour être éligibles, les patients devaient être atteints de mésothéliome, et se plaindre de douleurs ≥4 sur une EVA de 10. Ils étaient inéligibles s’ils avaient reçu une chimiothérapie ou une radiothérapie dans les dernières semaines.

En un an et demi,  40 patients ont été inclus, 37 ont commencé leur radiothérapie et 35 l’on terminée.

En intention de traiter, 35 % des patients ont eu une amélioration significative des douleurs. Neuf patients ont eu une amélioration de plus de 60% et 5 (12%) ont un une réponse complète.  Les taux de réponse aux semaines 1 et 12 sont également indiqués, de même que sont indiquées des données sur l’utilisation des opiacés utilisés dans la plupart des cas.

Les données de qualité de vie n’ont pas varié significativement avec néanmoins une tendance à l’amélioration chez les répondeurs et à l’aggravation chez les non répondeurs.  Les médianes de survie des répondeurs et non répondeurs étaient respectivement de 106 et 93 jours. Cette différence n’était pas significative.

Il est difficile à la lecture de cet article d’être persuadé que l’efficacité de la radiothérapie palliative est démontrée. C’est une étude qui a inclus peur de malades et qui ne comporte pas de bras contrôle. La radiothérapie a été administrée à une dose qui ne fait pas l’unanimité et on ne sait pas tout des traitements antalgiques concomitants. De plus, de façon surprenante, ces malades n’ont reçu de la chimiothérapie que dans 35% des cas, et il n’est pas certain que les malades français qui reçoivent le plus souvent de la chimiothérapie aient le même besoin et tirent le même bénéfice de la radiothérapie.

L’élément le plus convaincant et le moins discutable est sans doute l’observation  de réponses complètes : si la radiothérapie est capable de faire totalement disparaître la douleur dans plus de 10% des cas, il vaut sans doute la peine de la proposer à tous les malades qui, malgré  les différents traitements reçus, ont un niveau de douleurs élevé. Mais cela, la plupart d’entre nous, habitués à traiter les mésothéliomes, l’avaient déjà probablement constaté dans leur pratique.     

Reference

Radiotherapy Useful for Treating Pain in Mesothelioma?: A Phase II Trial.

MacLeod N, Chalmers A, O'Rourke N, Moore K, Sheridan J, McMahon L, Bray C, Stobo J, Price A, Fallon M, Laird BJ.

J Thorac Oncol  2015; 10 : 944-50

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