British Journal of Cancer

Erlotinib ou gefitinib : une étude de phase III monocentrique

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
mars 2017

Thérapeutique ciblée, EGFR

Il est en général admis que l’efficacité de l’erlotinib est  légèrement supérieure à celle du gefitinib mais que sa toxicité  est également supérieure.  Il y a moins d’un an par exemple nous commentions sur ce site une étude de non infériorité japonaise menée chez 561 patients dont 66% présentaient une mutation activatrice usuelle de l'EGFR et qui étaient randomisés entre ces deux traitements : La survie sans progression et la survie globale étaient chez l’ensemble des patients respectivement à 7,5 et 24,5 mois sous erlotinib et à 6,5 et 22,8 mois sous gefitinib et chez les mutés la survie sans progression était à 10 vs 8,3 mois. Cette différence n’était pas significative, mais la différence de HR était légèrement supérieure à la limite qui permettait d’affirmer la non infériorité, de sorte que cette étude était négative, c'est à dire n’était pas parvenue à démontrer la non infériorité du  gefitinib (cliquer ici) .

Voici une autre étude sur ce même sujet. C’est une étude de phase III comparative chinoise menée chez des patients qui présentaient une mutation usuelle et qui étaient randomisés pour recevoir l’un ou l’autre de ces traitements. Il s’agit d’une étude institutionnelle monocentrique menée au Guangdong Lung Cancer Institute.

Initialement cette étude était une étude de phase II randomisée dont l’objectif principal était le taux de réponse mais le protocole a été amendé 1 an après son ouverture pour en faire une étude de phase III dont l’objectif principal était l’amélioration de la  survie sans progression sous erlotinib. L’hypothèse était ambitieuse puisque basée sur des survies sans progression attendues à 9,5 mois sous gefitinib et 14 mois sous erlotinib.

Résultats

Entre 2009 et 2014, 256 malades ont été randomisés et les caractéristiques des patients des deux groupes étaient bien réparties. L’âge médian était de 58,5 ans, il y avait un peu plus de délétions de l’exon 19 que de mutation de l’exon 21 et les 2/3 des patients étaient en première ligne. Le suivi médian était de 22,1 mois.

La compliance des patients qui payaient les traitements et les examens était de 95.3% (244/256).

 Les durées médianes de survie sans progression et de survie étaient supérieures sous erlotinib mais ces différences n’atteignaient pas la significativité comme le montre le tableau ci-dessous :

 

Durée médiane (mois

HR (95%CI)

 

 

Erlotinib

Gefitinib

p

Survie sans progression : 

13

10,4

0,81 (0,62-1,05)

0,10

Survie globale :

22,9

20,1

0,84 (0,63-1,13)

0,25

A noter que la survie des patients présentant une délétion  de l’exon 19 était supérieure à celle des patients qui avaient une mutation de l’exon 21 pour l’ensemble des malades (22,9 vs 17,8 mois, p= 0,022) et que la survie sans progression et la survie globale des patients traités en première ligne était également non significativement différente.

La fréquence des effets adverses de grades 3 ou 4 était de 5,4% dans le bras erlotinib vs 1,6% dans le bras gefitinib. Cette différence n’était pas non plus significative.

Cette étude de phase III institutionnelle et monocentrique n’a  donc pas démontré, de différence significative d’efficacité ou de toxicité entre ces deux traitements. Quatre points de méthodologie doivent , nous semble-t-il,  être pris en compte pour l'interprétation de cette étude :

  • Elle n’a été menée que dans un seul centre.
  • Elle a changé d’objectif principal en cours de route.
  • Les malades, probablement parce qu’ils payaient leurs traitements et leurs examens, n’aient pas été tous compliants
  • Et enfin les effectifs de cette étude ont été calculés pour mettre en évidence un gain de survie sans progression significatif de grande ampleur (14 vs 9,5 mois). Il est possible que des effectifs plus importants auraient pu démontrer que le bénéfice observé (13 vs 10,4 mois) atteignait la significativité.

Quoiqu’il en soit l’intérêt de la question posée est maintenant nettement moins important qu’il ne l’était en 2009, date à laquelle cette étude a commencé.

 

 

 

Reference

A phase III randomised controlled trial of erlotinib vs gefitinib in advanced non-small cell lung cancer with EGFR mutations.

Yang JJ, Zhou Q, Yan HH, Zhang XC, Chen HJ, Tu HY, Wang Z, Xu CR, Su J, Wang BC, Jiang BY, Bai XY, Zhong WZ, Yang XN, Wu YL.

Br J Cancer 2017; 116 : 568-574

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
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