Lancet oncology

Est-ce que l’administration préalable de radiothérapie modifie l’activité et la toxicité du pembrolizumab ?

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
juin 2017

Immunothérapie, Radiothérapie / Radiofréquence

Le but de cette étude est de savoir si une radiothérapie antérieure est susceptible de modifier l’activité et la toxicité d’une immunothérapie.

Pour répondre à cette question, les auteurs ont travaillé à partir des malades inclus dans l’étude KEYNOTE-01 dont les résultats ont été publiés en 2015.  Cette étude de phase 1 multicentrique, internationale à promotion industrielle avait pour but d’évaluer l’efficacité et la tolérance d’un PD1 inhibiteur, le pembrolizumab, dans les cancers bronchiques non à petites cellules. (cliquer ici).

Dans cette étude, les patients recevaient 2 ou 10 mg/kg de pembrolizumab toutes les 2 ou 3 semaines

L’analyse a été réduite aux 98 malades inclus par le Centre Universitaire  de Los Angeles qui étaient les seuls pour lesquels la radiothérapie antérieure était codée. Un patient transféré précocement dans une autre institution n’a pas été inclus dans cette analyse qui portait donc sur 97 malades. La majorité des malades ont reçu du pembrolizumab à la dose de 10 mg/kg  toutes les 3 semaines.

Sur ces 97 patients, 42 (43%) ont reçu une radiothérapie avant le pembrolizumab, 38 une radiothérapie extracraniale et 24 une radiothérapie thoracique. Douze des malades qui ont reçu une radiothérapie ont reçu une radiothérapie stéréotaxique. Les caractéristiques des patients des groupes ayant reçu ou non une radiothérapie étaient bien réparties.

Avec un suivi médian de 32,5 mois, les survies sans progression et survies observées étaient significativement plus longues chez les malades ayant reçu une radiothérapie et plus précisément une radiothérapie extracraniale comme le montre le tableau ci-dessous :

 

Radiothérapie

p

Radiothérapie extracraniale

p

PFS (95% CI)

0,56 (0,34-0,91)

0,019

0,50 (0,30-0,84)

0,0084

PFS médiane (mois)

4,4 vs 2,1

6,3 vs 2

 

PFS à 6 mois (%)

49 vs 23

54 vs 21

 

Survie (95% CI)

0,58 (0,36-0,94)

0,026

0,59 (0,36-0,96)

0,0034

Survie médiane (mois)

10,7 vs 5,3

11,6 vs 5,3

Survie à 6 mois (%)

73 vs 45

75 vs 45

En analyse multivariée, le PS et le fait d’avoir reçu une radiothérapie en général ou une radiothérapie extracraniale en particulier étaient significativement associés de façon indépendante à une plus longue survie sans progression. Plus encore, en ce qui concerne la survie globale, le fait d’avoir reçu une radiothérapie en général ou une radiothérapie extracraniale en particulier était le seul facteur significativement associés de façon indépendante à une plus longue survie.

La fréquence des toxicités pulmonaires ne différait pas significativement que les patients aient ou non préalablement reçu une radiothérapie thoracique.

Si on s’intéresse exclusivement aux toxicités pulmonaires considérées comme possiblement ou probablement liées au traitement, on voit que 3 patients ont reçu une radiothérapie et 1 n’en a pas reçu (p =0,046) mais si on limite la recherche aux grades ≥3, seulement 1 cas est rapporté dans chaque groupe.

Ces données suggèrent que chez les patients qui ont préalablement reçu une radiothérapie l’activité du pembrolizumab est supérieure sans que ne soit observé d’excès significatif de toxicité.

Cette étude ouvre de nouvelles voies de recherche sur l’association de la radiothérapie et de l’immunothérapie dans le traitement des cancers bronchiques non à petites cellules.

 

Reference

Previous radiotherapy and the clinical activity and toxicity of pembrolizumab in the treatment of non-small-cell lung cancer: a secondary analysis of the KEYNOTE-001 phase 1 trial.

Shaverdian N, Lisberg AE, Bornazyan K, Veruttipong D, Goldman JW, Formenti SC, Garon EB, Lee P.

Lancet Oncol 2017 May 24.. [Epub ahead of print]

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