Journal of Thoracic Oncology

Est-ce que l’exigence de nouvelles biopsies limite l’inclusion dans les essais cliniques ?

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
janvier 2016

Anatomo-pathologie

Beaucoup d’essais thérapeutiques actuels imposent la pratique de nouvelles biopsies alors que dans d’autres l’obtention de tissu conservé suffit. Ces pratiques impactent-elles le recrutement dans nos essais ?

Pour répondre à cette question les auteurs canadiens de cette étude ont revu tous les dossiers de leurs patients qui avaient été examinés pour des essais thérapeutiques de phase I, II ou III en écartant les essais de chirurgie, radiothérapie ou soins palliatifs. L’objectif principal était de voir quel était l’impact de la demande de tissus sur l’inclusion dans les essais thérapeutiques.

Au total, 55 essais ont été inclus dans cette analyse. Tous sauf un évaluaient un traitement et 38 (69%)  exigeaient un prélèvement tissulaire,

  • 6 par de nouvelles biopsies pour lesquelles le patient devait signer un consentement,
  • et pour les 32 autres le recours à un prélèvement antérieur archivé était possible. 
  • Seulement 2 essais autorisaient la chirurgie.

La participation à un ou plusieurs essais a été proposée à 636 patients.

Résultats

Les patients auxquels un essai thérapeutique était proposé avaient plus de chance d’accéder au traitement expérimental lorsqu’un prélèvement tissulaire n'était pas demandé (83% versus 55%, p < 0,0001). De plus, le délai médian entre le consentement et le début du traitement était significativement plus court (9 jours versus 16 jours, p = 0,002).

Pour ces 447  patients pour lesquels un prélèvement tissulaire  était demandé, une nouvelle biopsie était exigée chez 87 et le recours à du tissu archivé était permis chez 360. Les patients pour lesquels le recours à du tissu archivé était permis  avaient significativement plus souvent accès au traitement expérimental et après un délai beaucoup plus court (tableau ci dessous) :

Tissu exigé

Accès au traitement expérimental (%)

p

Délai consentement/Traitement  jours

p

Non

83

<0,0001

9

0,002

Oui

55

16

Par du tissu archivé

59

0,0007

14

<0,001

Par de nouvelles biopsies

38

54

Ces délais étaient encore plus longs lorsque des résultats de la nouvelle biopsie découlait l’attribution du traitement expérimental. Huit des 41 patients que les résultats de ces biopsies rendaient incluables n’ont même pas pu accéder au traitement du fait de la détérioration de leur état clinique.

Sans remettre en question l’utilité de cette démarche de « rebiopsies » devenues de plus en plus incontournables, on voit dans ce travail que l’influence de celles-ci sur le recrutement dans les essais est importante.  Ceci doit nous inciter à réfléchir sur la façon de raccourcir au maximum ce processus ou sur les possibilités de  proposer d’autres techniques (cytologie, sang périphérique) susceptibles de raccourcir les délais.

 

Reference

Patients with Advanced Non-Small Cell Lung Cancer: Are Research Biopsies a Barrier to Participation in Clinical Trials?

Lim C, Sung M, Shepherd FA, Nouriany N, Sawczak M, Paul T, Perera-Low N, Foster A, Zawisza D, Feld R, Liu G, Leighl NB.

J Thorac Oncol 2016; 11 : 9-84

47 lectures

Coup de ♥ du mois

Risque de cancer du poumon chez les mineurs exposés à de faible taux de radon

novembre 2015

Si les données concernant les expositions à de fortes concentrations de radon sont bien connues,...

Lire la suite
Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer