Clinical Lung Cancer

Est-ce sûr et efficace d’espacer les injections d’immunothérapie en augmentant les doses comme certains l’ont fait pendant l’épidémie de COVID ?

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
avril 2022

Immunothérapie, COVID

Pendant l’épidémie récente de COVID, un certain nombre d’équipes, afin d’éviter des venues trop fréquentes à l’hôpital de malades particulièrement exposés aux formes graves, ont proposé d’espacer les administrations d’immunothérapie tout en en en augmentant les doses. On peut se demander a posteriori s’il y a eu un impact sur la toxicité et l’efficacité de ces traitements ? 

C’est la réponse à cette question que souhaitent apporter les auteurs de cette étude rétrospective hollandaise menée de janvier chez tous les patients consécutifs traités au CHU de Groningen par pembrolizumab en monothérapie, pembrolizumab et chimiothérapie, nivolumab en monothérapie ou durvalumab en adjuvant selon des doses standard ou augmentées à intervalle augmenté. Dans ce dernier cas les patients, après au moins 2 cycles à doses standard sans toxicité, recevaient un traitement modifié selon le schéma indiqué sur le tableau ci-dessous : 

 

Cohorte « standard »

(n=88)

Cohorte « Intervalles et doses augmentés »

(n=117)

 

Dose (mg)

Intervalle (semaines) 

Dose (mg)

Intervalle (semaines) 

Pembrolizumab

200

3

400

6

Nivolumab 

240

2

480

4

Durvalumab 

10 mg/kg

2

1500

4

L'objectif principal de cette étude était la toxicité. Il était également prévu de comparer les survies et survie sans progression dans les deux modalités thérapeutiques.

Résultats

Au total, 205 patients ont été inclus, 88 ont reçu des doses standard et 117 des doses élevées avec des intervalles modifiés. Les caractéristiques des patients des deux groupes étaient bien réparties à l’exception du fait qu’il y avait plus de patients sous nivolumab et moins de patients sous durvalumab dans le groupe standard. 

Si le nombre d’évènements adverses était plus élevé dans le groupe « Intervalles et doses augmentés » que dans le groupe « standard » (237 vs118, p=0,02), il y avait le même nombre d’évènements adverses de grades ≥3 (21 vs 20, p=0,42.  Le nombre d’arrêts brefs de traitement ne différait pas dans les deux groupes (15,4 vs 13,6%) et le nombre d’arrêts définitifs était plus élevé dans le groupe « standard »  que dans le bras où le traitement était modifié (12,5 vs 4,3%). 

Chez les patients qui recevaient du pembrolizumab, avec une durée médiane de suivi de 94 semaines, la survie sans progression médiane des patients du groupe « Intervalles et doses augmentés » était de 152 semaines et de 118 semaines chez les patients du groupe « standard ». Quant à la survie globale médiane, elle  était non atteinte dans le groupe « Intervalles et doses augmentés et de 189 semaines dans le groupe « standard ».

Sous durvalumab, la durée médiane de suivi n’était que de 54 semaines et les durées médianes survie sans progression et de survie globale n’étaient pas atteintes. 

Enfin sous nivolumab, avec un suivi médian de près de 100 semaines les durées médianes de survie sans progression et de survie globale étaient plus élevées dans la cohorte « Intervalles et doses augmentés » (NA pour la PFS et l’OS) que dans la cohorte  « standard » (30 et 88 semaines). 

Bien sûr, parce que cette étude est rétrospective et monocentrique elle n’a pas le même niveau de preuve qu’une étude randomisée et multicentrique.  Néanmoins, elle permet de penser que cette décision prise dans l’urgence dans une situation exceptionnelle était très probablement la bonne. 

Reference

Safety and Efficacy of Extended Interval Dosing for Immune Checkpoint Inhibitors in Non-Small Cell Lung Cancer During the COVID-19 Pandemic.

Hijmering-Kappelle LBM, Hiltermann TJN, Bensch F.

Clin Lung Cancer  2022; 23 : 143-150

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer