Lung Cancer

Etude AURA 3 : rapport des symptômes par les patients

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
août 2018

Thérapeutique ciblée, Qualité de vie / Soins palliatifs, EGFR

 

L’étude AURA 3 est une étude randomisée de phase III qui s’adresse à des patients atteints de cancers bronchiques non à petites cellules de stade avancé ou métastatique en progression après une ligne d’un inhibiteur de la tyrosine kinase de l’EGFR. Ils devaient avoir une mutation de l’EGFR et une mutation de résistance T790M dont la confirmation était centralisée. Ils étaient randomisés sur un mode 2/1 entre osimertinib ou une chimiothérapie par cisplatine à 75 mg/m2 ou carboplatine et pemetrexed.

Lors de la publication des résultats de cette étude, la survie sans progression en lecture centralisée était significativement très supérieure dans le bras expérimental (11 mois dans le bras osimertinib et 4,2 mois  dans le bras chimiothérapie) et les données de survie n’étaient pas matures (cliquer ici).  Nous avons également commenté en mai dernier l’étude concernant les données de qualité de vie de cette étude. Celle-ci était globalement améliorée dans le bras osimertinib (cliquer ici).

Les effets adverses que nous rapportons dans nos essais cliniques sont répertoriés dans un répertoire, le Common Terminology Criteria for Adverse Events (CTCAE) dont 10% sont des symptômes rapportés par les médecins. Parce que les personnes les mieux placés pour rapporter des symptômes sont les malades, le NCI a récemment établi une liste de 78 items adaptés au rapport par les malades eux-mêmes (Patient-Reported Outcomes version of the CTCAE  ou PRO-CTCAE). Une analyse exploratoire de ce rapport des symptômes par les malades était prévue dans AURA-3 pour 8 symptômes (diarrhée, incontinence fécale, anorexie, nausées,  vomissements, rash, acné et  fatigue) et les résultats en sont présentés ici. 

Les résultats ont été obtenus pour 161 des 419 patients inclus (38%).

Initialement 32% et 36% des patients du bras osimertinib et du bras chimiothérapie signalaient des diarrhées. Ensuite les diarrhées étaient plus fréquentes dans le groupe osimertinib, la plupart des patients rapportant une diarrhée qualifiaient celle-ci de rare ou occasionnelle. L’incontinence fécale était rapportée initialement par 6 et 16% des patients du bras osimertinib et du bras chimiothérapie puis 4 semaines plus tard par 11 et 9% des malades. 

L’anorexie était signalée initialement par  54% et 53% des patients du bras osimertinib et du bras chimiothérapie puis devenait ensuite moins fréquente dans le bras osimertinib. 

Un malade sur quatre décrivait initialement des nausées. Cette proportion restait stable sous osimertinib et augmentait sous chimiothérapie. La plupart étaient qualifiées de modérées. Les vomissements étaient qualifiés de rares ou occasionnels. Ils étaient moins fréquents dans le groupe osimertinib dès le début et changeaient peu ensuite. 

L’acné était au début signalée par 37 et 30% des patients du bras osimertinib et du bras chimiothérapie. Ensuite son taux restait constant sous osimertinib et diminuait sous chimiothérapie.  Des rashs étaient au début signalée par 36 et 19% des patients du bras osimertinib et du bras chimiothérapie. Ensuite leur taux restait constant dans les 2 bras.   

Enfin la fatigue a été au début signalée par 64 et 72% des patients du bras osimertinib et du bras chimiothérapie. Ensuite, ce pourcentage de patients qui déclaraient être fatigués est resté relativement stable chez les patients du  bras osimertinib et a augmenté chez ceux du bras chimiothérapie. 

Ces résultats viennent compléter ceux commentés sur ce site sur la qualité de vie (cliquer ici). Ils n’apportent pas beaucoup d’informations supplémentaires sur cette étude mais ils sont intéressants parce qu’ils montrent que l’analyse des symptômes rapportés par les patients est faisable dans un essai qui s'adresse à des malades atteints de cancer du poumon métastatique et peut contribuer à donner une vision différente de la toxicité des traitements et de l’effet de ceux-ci sur l’évolution des symptômes liés à la maladie.  Si cette appréciation des symptômes par les patients est en partie différente de celle rapportée par les médecins qui ont trié les informations que leur donnait les malades, en tentant de faire la part entre des symptômes liés à la maladie, au traitement ou à autre chose, il n’est pas certain qu’elle reflète mieux la réalité.  N’oublions pas enfin que cette étude, comme la plupart des études de qualité de vie,  n’a été menée que sur 38% des patients et qu’il est peut-être hasardeux d’extrapoler ses résultats à l’ensemble des malades. 

 

 

 

 

 

 

Reference

Patient-reported symptoms possibly related to treatment with osimertinib or chemotherapy for advanced non-small cell lung cancer.

Sebastian M, Rydén A, Walding A, Papadimitrakopoulou V.

Lung Cancer2018; 122 : 100-10

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Revue : British Journal of Cancer