European Journal of Cancer

Événements secondaires rhumatologiques rapportés à l’immunothérapie : une étude rétrospective

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
janvier 2019

Immunothérapie, Effets secondaires des médicaments

 L’utilisation des inhibiteurs de checkpoint immunitaires a été l’occasion de mettre en évidence une multitude d’effets secondaires qu’il a fallu apprendre à gérer. Parmi ceux-ci, les atteintes rhumatologiques ont posé le problème, d’une part de par la fréquence des pathologies préexistantes, et d’autre part du fait du caractère volontiers persistant du handicap même après l’arrêt de l’immunothérapie (IO), impactant sur la qualité de vie. Ces atteintes articulaires sont néanmoins considérées comme légères à modérées dans la plupart des essais cliniques, et sont rapportées dans environ 10 à 20% des cas. La publication de Mitchell et al. reprend de façon rétrospective 26 cas, soit de patients ayant des antécédents de pathologie rhumatismales (n=12) soit de patients ayant déclaré des atteintes rhumatologiques de novo(n=24) sous IO. Parmi les patients, la grande majorité était traitée pour un mélanome métastatique (n=26), et 6 pour un cancer bronchique non à petites cellules métastatique.

Parmi les patients déclarant une atteinte de novo, la plus fréquente était l’arthrite inflammatoire (n=18) survenant en médiane à 18.5 semaines et gardant des sérologies négatives, suivie de la myosite (n=3) dont un cas avec symptômes bulbaires et un cas de myocardite. Dix des 12 patients ayant une pathologie préexistante ont présenté une poussée sous IO (4 avec arthrite aigue, 6 avec polyarthrite rhumatoïde) survenant plus précocement que les atteintes de novo, à respectivement 6.1 semaines et  17.9 semaines en médiane.

L’ensemble des patients a été amélioré par les traitements adaptés mais de façon incomplète. La dose habituelle d’équivalent prednisone administrée était comprise entre 5 et 17.5 mg (max 110 mg/j) pour une durée médiane de 10 mois. La majorité des patients ont répondu au traitement par IO (réponse chez 81.1 % des patients ayant un mélanome, 40% chez les autres).

Cette série confirme ce qui avait été rapporté, la plupart des patients ayant une atteinte rhumatismale présentent une flambée sous IO mais l’ajout d’un traitement immuno-régulateur permet d’améliorer les symptômes, certes incomplètement, mais la plupart du temps. Le traitement doit volontiers être prolongé. Ces effets secondaires semblent toutefois associés à une réponse carcinologique particulièrement intéressante à l’immunothérapie notamment dans le mélanome. L’impact des immunosuppresseurs sur la durée de réponse reste à définir. On voit donc que des patients ayant des antécédents d’atteintes rhumatismales ne sont pas forcément totalement contre- indiqués pour un traitement par IO. Ils devront être informés du risque de poussée et du fait que des symptômes pourront perdurer même en renforçant le traitement immunosuppresseur, ce qui peut impacter significativement sur la qualité de vie.

 

 

 

Reference

Rheumatic immune-related adverse events secondary to anti-programmed death-1antibodies and preliminary analysis on the impact of corticosteroids on anti-tumourresponse: A case series.

Mitchell EL, Lau PKH, Khoo C, Liew D, Leung J, Liu B, Rischin A, Frauman AG, Kee D, Smith K, Brady B, Rischin D, Gibson A, Mileshkin L, Klein O, Weickhardt A, Arulananda S, Shackleton M, McArthur G, Östör A, Cebon J, Solomon B, Buchanan RR, Wicks IP, Lo S, Hicks RJ, Sandhu S.

Eur J Cancer2018; 105  :88-102

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer