Journal of Clinical Oncology

Everolimus et tumeurs thymiques

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
janvier 2018

Thérapeutique ciblée, Tumeurs thymiques

Si les chimiothérapies à base de platine représentent le standard de traitement des tumeurs thymiques non résécables, il n’y a pas de standard pour le traitement de première ligne.  Parce que des arguments suggèrent que l’inhibition de la voix mTOR pourrait être efficace pour le traitement des tumeurs thymiques, cette étude a été proposée pour tester l’action d’Everolimus, on inhibiteur oral de mTOR dont nous avons déjà commenté l’action notamment dans les tumeurs neuroendocrines (cliquer ici).

Les patients inclus dans cette étude de phase II ouverte à promotion institutionnelle provenaient de 7 centres italiens. Ils devaient être atteints d’une tumeur thymique histologiquement confirmée non résécable ou métastatique, qu’il s’agisse de thymomes ou de carcinomes thymiques.

Ils recevaient jusqu’à progression ou toxicité inacceptable 10 mg chaque jour par voie orale d’everolimus.

L'objectif principal était le taux de contrôle. Les objectifs secondaires étaient  la survie globale, la survie sans progression,  la durée de réponse, le profil de toxicité, et l’exploration de la valeur prédictive de plusieurs marqueurs.

Au total 51 patients ont été enrôlés dans cette étude entre 2011 et 2013. Un patient a décidé de quitter l’étude avant d’avoir commencé le traitement. Les résultats ont donc été présentés sur les 50 patients restants. 

L’âge médian de ces patients était de 55 ans, il y avait 56 % d’hommes, tous avaient un PS à 0 ou 1, 32 (64%) avaient un thymome et 18 (36%) un carcinome thymique. La durée médiane de traitement était de 8,4 mois  et plus du tiers de ses patients ont reçu le traitement pendant plus d’un an.

Les principaux résultats sont résumés sur le tableau ci-dessous (à noter que la réponse n’a été mesurable que chez 44 (88%) patients mais les taux de réponse et de contrôle sont indiqués en intention de traiter) :

 

Ensemble des malades

Thymomes

Carcinomes thymiques

Taux de contrôle (%)

38 (76)

30 (93,8)

14 (77,8)

Taux de réponse de (%)

6 (12)

3 (9,4)

3 (16,7)

Durée médiane de réponse (mois)

7,1

 

 

Durée médiane de survie (mois)

25,7

NA

14,7

Taux de survie à un an (%)

72

81,3

55,6

Durée médiane de PFS (mois)

10,1

16,6

5,6

Taux de PFS  à un an (%)

42,4

55,8

18,8

Les principales toxicités ont été des stomatites (66%), une fatigue (48%), des mucites (36%), des pneumopathies infectieuses ou non infectieuses (36%). Des toxicités de grade 3 et 4 ont été observées chez 14 patients (28%) (hépatiques, neutropénies et désordres métaboliques).

Trois effets adverses imputés au traitement ont entrainé le décès, 2 pneumopathies infectieuses et 1 pneumopathie non infectieuse.

Aucun marqueur prédictif n’a été identifié.

Cette étude ouverte de phase II montre que l’everolimus a probablement une action dans les tumeurs thymiques et principalement dans les thymomes et ceci est d’autant plus intéressant qu’on ne dispose pas de traitement en deuxième ligne pour ces tumeurs. Néanmoins ces résultats ont été obtenus au prix d’une toxicité importante avec notamment un tiers de patients qui ont eu des complications pulmonaires imputées au traitement, dont trois cas de pneumopathies fatales.  Il nous paraitrait donc très prématuré d’administrer ce traitement sur ces seules données. L’Everolimus n’est d’ailleurs pas enregistré dans cette indication.  

 

 

Reference

Phase II Study of Everolimus in Patients With Thymoma and Thymic Carcinoma PreviouslyTreated With Cisplatin-Based Chemotherapy.

Zucali PA, De Pas T, Palmieri G, Favaretto A, Chella A, Tiseo M, Caruso M, Simonelli M, Perrino M, De Vincenzo F, Toffalorio F, Damiano V, Pasello G, Garbella E, Ali M, Conforti F, Ottaviano M, Cioffi A, De Placido S, Giordano L, Bertossi M, Destro A, Di Tommaso L, Santoro A.

J Clin Oncol. 2017. [Epub ahead of print]

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