New England Journal of Medicine

Evolution de l’incidence du cancer du poumon chez les femmes aux USA : le tabac n’explique pas tout.

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
mai 2018

Épidémiologie, Cancer de la femme

L’augmentation considérable de l’incidence du cancer broncho-pulmonaire chez les femmes aux Etats-Unis est-elle expliquée uniquement par leur tabagisme important ? C’est la question à laquelle cette étude réalisée de 1995 à 2014 a pour but de répondre. Les auteurs ont examiné d’une part l’incidence nationale du cancer du poumon selon le sexe, l’origine ethnique, l’âge et l’année de naissance et, d’autre part, la prévalence du tabagisme dans cette même population. 

Dans les 2 dernières décennies l’incidence du cancer du poumon a diminué chez les hommes et les femmes de 30 à 54 ans mais cette diminution a été plus rapide chez l’homme. 

L’évolution de cette incidence a varié en fonction de  l’origine des populations :

-      Parmi les blancs non hispaniques le rapport de l’incidence du cancer du poumon chez femmes à celle du cancer du poumon chez les hommes dépasse 1 dans tous les groupes d’âge de 30 à 50 ans.  

-      Mais pour le reste de la population l’incidence de cancer du poumon chez les femmes converge vers celle des hommes sans la dépasser à l’exception de certaines catégories d’âge chez les hispaniques.

Or l’évolution de la consommation tabagique n’explique pas totalement ces variations. Historiquement le tabagisme masculin était beaucoup plus important que celui des femmes dans tous les groupes ethniques et cette différence tend à diminuer progressivement à la fois du fait d’un tabagisme initial identique entre les jeunes des deux sexes et aussi du fait d’un taux de cessation moindre chez les femmes. Toutefois la prévalence du tabagisme féminin et le nombre de cigarettes fumées sont moins élevés chez les femmes que chez les hommes. Par exemple chez les hispaniques la prévalence et l’intensité du tabagisme féminin sont très inférieurs à ceux des hommes et pourtant l’incidence du cancer du poumon est supérieure. 

Pour tenter d’expliquer ces différences, les auteurs proposent plusieurs hypothèses : 

-      Les expositions professionnelles (amiante, arsenic notamment) ont beaucoup diminué dans ces dernières années.  Or cette diminution d’un risque qui se combine avec celui du tabac concerne essentiellement les hommes.  Ceci pourrait expliquer une diminution plus rapide du nombre de cancers chez les hommes que chez les femmes. 

-      Il a été souvent affirmé depuis les années 1990 que les femmes avaient un risque plus élevé que les hommes à tabagisme égal ? Ceci pourrait expliquer ces résultats, toutefois cette hypothèse n’a pas été confirmée par des études dont les résultats restent contradictoires. 

-      Il y a davantage d’adénocarcinomes chez les femmes or la diminution du risque d’adénocarcinome après l’arrêt du tabac serait plus lente que celle du risque de cancers épidermoïdes. 

-      Enfin, il y aurait plus de cancers lentement évolutifs chez les femmes qui seraient maintenant dépistés.  Toutefois cette étude a été menée de 1995 à 2014 période pendant laquelle la pratique du dépistage du cancer du poumon aux USA ne devait pas être suffisante pour expliquer ces résultats. 

 

 

Reference

Higher Lung Cancer Incidence in Young Women Than Young Men in the United States.

Jemal A, Miller KD, Ma J, Siegel RL, Fedewa SA, Islami F, Devesa SS, Thun MJ.

N Engl J Med 2018; 378 : 1999-2009

96 lectures

Coup de ♥ du mois

Risque de cancer du poumon chez les mineurs exposés à de faible taux de radon

novembre 2015

Si les données concernant les expositions à de fortes concentrations de radon sont bien connues,...

Lire la suite
Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer