Lung Cancer

L’incidence du cancer broncho-pulmonaire chez la femme est-elle liée à ses antécédents gynécologiques ?

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
décembre 2015

Épidémiologie, Cancer de la femme

A Singapour, l’incidence du cancer broncho-pulmonaire chez la femme, et particulièrement chez la femme non fumeuse, est élevée. Par ailleurs, plusieurs études ont identifié la présence de récepteurs hormonaux à un taux particulièrement élevé dans les adénocarcinomes broncho-pulmonaires et toute une littérature portant sur l’épidémiologie a cherché à établir un lien entre le statut hormonal et le risque de cancer broncho-pulmonaire chez la femme, mais les résultats de ces études ne vont pas dans le même sens, probablement en partie du fait que la plupart de celles-ci n’ont pas d’effectifs insuffisants.

Le travail publié ici a été réalisé à partir d’une étude randomisée sur le dépistage du cancer du sein. Cette étude concernait près de 29 000 femmes de 50 à 64 ans, qui ont été randomisées pour un dépistage par mammographie.

Avant la mammographie les participantes devaient remplir un questionnaire qui comportait des informations sur le mode de vie et sur le statut marital, l’âge des premières règles et de la ménopause, les dates et nombres de grossesses éventuelles et l’utilisation éventuelle d’une hormonothéraoie.

L’existence de cancers broncho-pulmonaires éventuelle à été recherchée à partir du registre des cancers de Singapour.

La plupart des participantes étaient des non-fumeuses et étaient chinoises.

Parmi 28222 femmes, 311 cancers incidents ont été découverts, dont 253 chez des non-fumeuses  

Trois facteurs hormonaux sont significativement corrélés avec une diminution du risque de cancer broncho-pulmonaire et un avec une augmentation de celui-ci (tableau ci dessous).

 

 

HR

p

Antécédents de grossesses

Non

1

 

 

Oui

0,53

<0,0001

Nombre de grossesses

0

1

 

 

1-2

0,63

0,03

 

3-4

0,55

0,002

 

≥5

0,48

<0,0001

Nombre d’accouchements

0

1

 

 

1-2

0,56

0,03

 

3-4

O,55

0,002

 

≥5

0,45

<0,0001

Age aux premières menstruations

<12

1

 

 

13-15

1,33

0,05

 

≥16

1,52

 

En revanche, l’âge à la ménopause, la durée de la période d’activité génitale, l’âge au premier accouchement, l’allaitement éventuel et sa durée et l’utilisation ou la durée d’une contraception orale n’étaient pas significativement liés au risque de cancer broncho-pulmonaire.

La relation inverse entre le nombre de grossesses et d’accouchements était significative chez les fumeuses comme chez les non-fumeuses.

Cette étude épidémiologique de grande ampleur et très complète a été menée en Chine et il n’est pas certain que ses conclusions puissent être totalement applicables à une population caucasienne. Une étude menée à Boston entre 1992 et 2004 aboutit à des conclusions très proches :  les femmes qui avaient un enfant avaient un risque de cancer réduit par rapport aux nullipares, qu’elles soient fumeuses ou non fumeuses et ce risque diminuait significativement avec le nombre de grossesses (http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/20123687). Toutefois toutes les études ne vont pas dans le même sens et elles auraient des résultats différents selon l’histologie (http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/22169171).

 

 

Reference

Reproductive factors and lung cancer risk among women in the Singapore Breast Cancer Screening Project.

Tan HS, Tan MH, Chow KY, Chay WY, Lim WY.

Lung Cancer 2015 ; 90 : 499–508

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer