Cancer

Existe-t-il une différence de toxicité entre les différentes immunothérapies ?

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
février 2018

Immunothérapie, Effets secondaires des médicaments

L’arrivée des nouvelles molécules d’immunothérapie dans l’arsenal thérapeutique disponible va imposer au clinicien de faire un choix. Les données d’efficacité ont déjà été comparées dans une publication récente (cliquer ici).  L’objet de cette publication est de comparer les profils de toxicités des anti PD1 et des antiPDL1. Il avait en effet  été évoqué depuis longtemps que le fait de laisser un rétrocontrôle lié à PDL2 pourrait améliorer la tolérance des antiPDL1 sans que les premières analyses poolées ou les méta-analyses rapportées jusqu’à présent ne confirment cette hypothèse.

L’étude publiée par Pillai et al. Est une méta analyse qui a concerné 23 publications (parmi 549) parues entre 2013 et 2016 identifiées à travers plusieurs bases de données. Les études rétrospectives étaient exclues de l’analyse. Au total, les données  de toxicité de 5744 patients (3284 sous anti PD1 et 2460 sous antiPDL1) ont pu être extraites. Les deux cohortes de patients étaient comparables en ce qui concerne le sexe ratio, le tabagisme et l’histologie.

L’incidence globale des effets secondaire était comparable (64% dans le groupe des patients traités par antiPD1 et 66% pour ceux traités par antiPDL1). Il n’était pas noté de différence non plus dans la fréquence des grades 3-5 (respectivement 13 % et 21% ; p=0.15). La fatigue est rapportée dans les deux cohortes comme étant l’effet secondaire le plus fréquent.

Il pourrait exister une tendance à une plus grande incidence d’effets secondaires immuno-induits avec les antiPD1 (16% versus 11% ; p=0.07) mais là encore, les évènements de grade 3-5 sont retrouvés à une fréquence tout à fait similaire soit  environ 3% (p=0.4). A noter toutefois que l’incidence des pneumopathies apparait plus importante avec les antiPD1 qu’avec les antiPDL1, à respectivement 4% contre 2 % (p=0.01). Lorsque les toxicités sont analysées en fonction de la molécule, c’est le durvalumab qui semble être associé à la plus grande toxicité.

Il est très difficile de conclure quant au taux de pneumopathies, les auteurs rappelant que les critères d’inclusions étaient variables d’une étude à l’autre et souvent mal précisés. Certaines études autorisaient des patients avec des pneumopathies interstitielles, des fibroses…et le taux de rapport de pneumopathies est très hétérogène, certaines étant répertoriées comme « autres toxicités » telles que dyspnées….etc…Les auteurs soulignent également que la méta analyse n’est pas basée sur des données individuelles et de fait, ne permet pas de faire le tri. Pour autant, l’importante expression de PDL2 au niveau des alvéoles pourraient constituer une hypothèse physiopathologique pouvant expliquer une vraie diminution du taux de pneumonies immunitaires sous antiPDL1.

Il est possible également que l’arrivée plus tardive des antiPDL1 ait permis aux cliniciens de mieux savoir gérer les éventuelles toxicités pulmonaires et constitue ainsi un potentiel biais…Quoi qu’il en soit, il n’apparait pas évident qu’il existe véritablement une différence de toxicité entre les molécules à travers cette méta analyse compte tenu de toutes les réserves qui s’imposent.

 

 

 

Reference

Comparison of the toxicity profile of PD-1 versus PD-L1 inhibitors in non-small cell lung cancer: A systematic analysis of the literature.

Pillai RN, Behera M, Owonikoko TK, Kamphorst AO, Pakkala S, Belani CP, Khuri FR, Ahmed R, Ramalingam SS.

Cancer 2018; 124 : 271-277

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer