European Respiratory Journal

Exposition au radon au domicile et altérations EGFR et ALK chez les non-fumeurs

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
novembre 2016

Épidémiologie, EGFR, Biomarqueurs / Facteurs pronostiques et/ou prédictifs

Cette étude multicentrique espagnole « Lung Cancer Risk Factors in Never Smokers » a été menée depuis 2011 dans 9 centres hospitaliers espagnols dans le but d’identifier les facteurs de risque des cancers des non-fumeurs avec un intérêt particulier pour les cancers liés à l’exposition au radon au domicile. Il existe, dans une région d’Espagne, une exposition au radon qui est variable, mais en moyenne élevée.

Les patients inclus dans cette étude répondaient à un questionnaire détaillé standardisé centré sur les facteurs de risque du cancer broncho-pulmonaire et mesuraient pendant au moins 3 mois la concentration de radon par un détecteur à leur domicile.

Cette étude a recruté 323 non-fumeurs atteints de cancers broncho-pulmonaires. Il y avait 80% de femmes, leur âge médian était de 70 ans et 78% avaient un adénocarcinome.

Près de la moitié des patients (44%) ont vécu avec un fumeur depuis au moins 20 ans.

La concentration médiane de radon était de 182 Bq.m-3 et la durée médiane de séjour dans la maison où les mesures ont été effectuées était de 30 ans.

La recherche de mutations EGFR a été réalisée chez 65% des patients : 43% présentaient une mutation (délétion de l’exon 19 dans 56% des cas et mutation  L858R dans 39% des cas).

La recherche de translocations ALK-EML4 n’a été effectuée qu’une fois sur 4 : 15% des tumeurs analysées présentaient un réarrangement.

On voit sur le tableau ci-dessous les concentrations médianes de radon au domicile selon le statut moléculaire :

Statut EGFR et ALK

n

Concentration de radon (Bq.m-3)

p

EGFR

Mutés

90

160

0,93

Non mutés

119

174

Exon 19

49

216

0,057

Exon 21

34

118

ALK

Réarrangés

12

290

0,95

 

Non réarrangés

68

164

Il n’y avait pas de différence de concentration de radon au domicile entre les mutés et les non mutés EGFR. En revanche il existait des différences, à la limite de la significativité, entre les concentrations de radon au domicile des patients qui avaient une délétion de l’exon 19 et ceux qui avaient une mutation  L858R.

En ce qui concerne les patients qui avaient un réarrangement ALK, ils avaient une concentration médiane  de radon au domicile qui était presque le double de celle  des non réarrangés mais cette différence, probablement du fait des effectifs réduits, n’atteignait pas la significativité.

Cette étude suggère que le profile moléculaire des patients exposés au radon puisse être différent de celui des patients non exposés. Elle demande a être confirmée dans une étude portant sur de des effectifs plus importants.

 

 

Reference

Residential radon, EGFR mutations and ALK alterations in never-smoking lung cancer cases.

Ruano-Ravina A, Torres-Durán M, Kelsey KT, Parente-Lamelas I, Leiro-Fernández V, Abdulkader I, Abal-Arca J, Montero-Martínez C, Vidal-García I, Amenedo M, Castro-Añón O, Golpe-Gómez A, González-Barcala J, Martínez C, Guzmán-Taveras R, Provencio M, Mejuto-Martí MJ, Fernández-Villar A, Barros-Dios JM.

Eur Respir J 2016; 48 : 1462-1470

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer