Lung Cancer

Facteurs pronostiques des patients traités par immunothérapie prolongée : une vaste étude rétrospective japonaise.

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
juin 2021

Immunothérapie, Biomarqueurs / Facteurs pronostiques et/ou prédictifs

L’arrivée des inhibiteurs de points de contrôles immunitaires dans l’arsenal thérapeutique des cancers bronchiques non à petites cellules (CBNPC) nous a obligé à redéfinir un certains nombre de facteurs pronostiques. Certains patients, certes minoritaires, tirent un bénéfice majeur de ces immunothérapies et restent sous traitement de façon prolongée. Il n’existe pas à ce jour de caractéristiques bien définies permettant d’identifier en amont ces patients. 

C’est ce qu’ont tenté de faire les auteurs de l’étude rapportée ici  qui ont étudié de façon rétrospective les dossiers de 676 patients traités dans 15 centres au Japon. Ils ont ainsi défini deux groupes, les patients traités plus d’un an (long term=LN) versus ceux qui ont reçu moins d’un an de traitement (non long term=NLT) entre décembre 2015 et décembre 2017. On retrouve 519 patients traités par Nivolumab (76.8%) et 157 traités par pembrolizumab (23 .2%). Le statut PDL1 n’était pas évalué chez près de la moitié des patients. On note que 12 patients ont un PS à 3 ou 4 au moment de l’instauration du traitement (1.8%). Enfin, 75 patients n’ont reçu qu’un cycle de traitement (c’est notamment de cas des 12 patients en PS 3 et 4).

La médiane de suivi entre l’instauration du traitement et la date de point est de 34.3 mois (CI 95% : 24.1-47.8). En analyse multivariée pour l’ensemble de la population traitée, le sexe masculin, le tabagisme, la faible masse tumorale (<45 mm), le PS 0-1, le taux de réponse et la présence d’effets secondaires immuns, ressortent comme significatifs pour la survie sans progression. Concernant la survie globale, ce sont le stade (III versus IV) la faible masse tumorale le nombre de lignes de traitements préalables, les taux de réponses et la présence d’effets secondaires, qui ressortent comme significatifs. 

Ce sont finalement 114 patients qui sont inclus dans le groupe LT (16.9%). Ces patients ont des taux de réponse significativement meilleurs (p<0.001), une médiane de PFS de 33.6 mois versus 2.7 mois pour les NLT (p<0.001) et une médiane d’OS non encore atteinte versus 9.4 mois pour le groupe NLT (p<0.001). 

Chez ces patients LT, ce sont le statut tabagique et le taux de réponse qui sont corrélés à la PFS en analyse multivariée. Pour l’OS ce sont le statut PDL1 (1-49%), le nombre de lignes préalables, le type de réponse et la présence d’effets secondaires qui ressortent. Une moins bonne OS était retrouvée chez les patients ayant reçu 2 ou plus lignes de traitements antérieurs ce qui confirme l’intérêt d’utiliser les IO le plus précocement dans le traitement des patients.

En termes d’effets secondaires, 24 des 114 patients LT (21.1%) ont présenté des effets secondaires amenant à un arrêt de traitement, dont 8 (33%) de grade 3 ou plus. Ces chiffres étaient similaires dans le groupe NLT. L’effet secondaire le plus fréquent était la pneumopathie. 

Cette étude est certes rétrospective mais elle apporte des éléments intéressants notamment en ce qui concerne le fait de poursuivre le traitement au-delà d’un an chez les patients qui répondent. Dans cette étude, environ 20% des patients rechutaient dans l’année suivant l’arrêt de l’IO même après 2 ans de traitement. Ceci se retrouvait également dans l’essai Keynote 010 où la PFS à 1 et 2 ans était de respectivement 72.5% et 57.7%, chez les patients ayant été traités deux ans et ayant arrêté conformément au protocole. Les auteurs invitent donc à la prudence lorsque l’on propose d’interrompre le traitement. D’autant que l’option du rechallenge semble hasardeuse dans cette étude puisque la PFS dans cette situation au sein du  groupe LT n’est que de 2.9 mois. 

 

Reference

Prognostic factors in patients with advanced non-small cell lung cancer after long-term Anti-PD-1 therapy (HOT1902).

Ito S, Asahina H, Honjo O, Tanaka H, Honda R, Oizumi S, Nakamura K, Takamura K, Hommura F, Kawai Y, Ito K, Sukoh N, Yokoo K, Morita R, Harada T, Takashina T, Goda T, Dosaka-Akita H, Isobe H; Hokkaido Lung Cancer Clinical Study Group Trial.

Lung Cancer 2021;156 : 12-19

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
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