Lung Cancer

Faut-il adapter la chimiothérapie de maintenance à la réponse obtenue à la chimiothérapie d’induction ? Résultats de l’étude IFCT-GFPC-1101

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
janvier 2022

Traitement des stades IV

La chimiothérapie de maintenance dans le cadre de la prise en charge des CBNPC métastatiques a démontré son intérêt en améliorant la survie sans progression et la survie globale, en maintenant une pression thérapeutique sur la tumeur. Néanmoins le bénéfice de maintenir une molécule (maintenance de continuation) qui n’apporte qu’une stabilité peut se discuter par rapport à l’utilisation précoce d’une nouvelle drogue (en switch maintenance avant l’apparition d’une progression). C’est l’objet de l’étude IFCT-GFPC-1101 qui propose de choisir la maintenance en fonction de la réponse obtenue sous traitement d’induction. Les patients atteints de CBNPC non épidermoïdes de stade IV étaient inclus avant de débuter la chimiothérapie dans le bras expérimental par cisplatine et gemcitabine, et maintenance par gemcitabine en cas de réponse ou par pemetrexed en cas de stabilité. Le bras standard associait cisplatine et pemetrexed, avec pemetrexed quelle que soit la qualité de la réponse. L’objectif principal était la survie globale et les objectifs secondaires associaient entre autres, la PFS, les taux de réponses, la durée de réponse, la tolérance….

En avril 2016, une analyse intermédiaire planifiée pour recherche de futilité (après 539 évènements) a montré que le seuil de futilité était atteint pour l’OS (p=0.93) mais dans la mesure où 909 patients étaient inclus au moment du rendu de l’analyse, le comité a proposé de terminer l’étude. Cet essai est effectivement négatif en analyse finale en intention de traiter. 

Au total ce sont finalement 932 patients qui ont été traités dans 72 centres français, 467 dans le bras expérimental et 465 dans le bras standard. Les médianes d’OS étaient de 10.9 mois dans le bras expérimental [95% CI: 9.6-12.1] et 10.4 mois dans le bras standard [95% CI: 8.9-11.6] réalisant un HR de  0.97 [95% CI: 0.84-1.13, p=0.71]. Concernant la PFS la médiane était de 4.8 mois pour le bras expérimental [95% CI: 4.5-5.1] versus 4.5 mois pour le bras standard [95% CI: 4.3-5.1], réalisant un HR à  0.95 [95% CI 0.83-1.09, p=0.45]. Il n’était pas noté non plus de différence en termes de réponses à l’issue du traitement d’induction entre les deux bras. Les profils de toxicité étaient bien entendu différents mais il n’est pas noté de différence en termes de toxicité grave.

Il s’agit d’un essai entièrement financé par l’IFCT indépendamment de l’industrie pharmaceutique,  a inclus de nombreux malades et s’avère négatif. Il a été designé avant la mise à disposition des molécules d’immunothérapie. Il affiche des résultats inférieurs en OS par rapport aux résultats des études princeps sur le sujet. Ceci est probablement lié au fait que dans ces essais, seuls les patients non progresseurs à l’issue de l’induction étaient randomisés et évalués. Dans l’essai IFCT 1101 les patients sont randomisés avant l’induction et les patients progresseurs après 4 cycles sont évalués. Par ailleurs, pour être inclus dans cet essai, les patients ne devaient pas être éligibles au bevacizumab, ce qui élimine les patients les plus « fits ». Enfin, 20% des patients inclus avaient des métastases cérébrales (facteur de mauvais pronostic).   

Reference

Tailoring maintenance chemotherapy upon response to induction chemotherapy as compared with pemetrexed continuation maintenance in advanced non-squamous NSCLC patients: Results of the IFCT-GFPC-1101 multicenter randomized phase III trial.

Souquet PJ, Audigier-Valette C, Molinier O, Cortot A, Margery J, Moreau L, Gervais R, Barlesi F, Pichon E, Zalcman G, Dumont P, Girard N, Poudenx M, Mazières J, Cadranel J, Debieuvre D, Dauba J, Langlais A, Morin F, Moro-Sibilot D, Westeel V, Pérol M.

Lung Cancer 2022; 164:84-90

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer