La maintenance par pemetrexed à domicile.

Les auteurs de cet article se sont intéressés à l’administration au domicile du pemetrexed en maintenance, parce qu’ils pensent que l’administration à l’hôpital de ce traitement représente souvent une servitude importante pour les patients. Il était alors logique de s’intéresser à l’administration à domicile de ce traitement dont la toxicité est tout à fait gérable et l’administration facile et rapide.

Ils ont donc choisi de faire une étude de phase II multicentrique ouverte qui a été réalisée en Angleterre et en Suède pour évaluer l’adhérence (objectif principal) et la faisabilité à ce traitement. A partir de cet objectif principal,

ils ont calculé que 50 patients étaient nécessaires.

En un peu moins d’un an 52 patients ont été inclus.

Ces patients ne semblent pas particulièrement sélectionnés sur les critères cliniques : leur âge médian était de 66 ans, 25 % avait un PS à 0 et 73 % un PS à 1.

Le premier cycle a été réalisé à l’hôpital. Ensuite les chimiothérapies suivantes étaient préparées à l’hôpital et délivrées à domicile par une infirmière. Le nombre de patients qui ont reçu les cycles suivants a diminué de 45 pour le cycle 2 à 1 pour le cycle 19.  Le nombre médian de cycles de traitement était de 4 et plus du quart des patients ont eu au moins 6 cycles à domicile.

Le taux d’adhésion jusqu’au cycle 6 était de 98 %. Tous les patients à l’exception de deux restèrent traités à domicile. Au total, 87 % des patients préféraient être traités à domicile et 90 % des médecins étaient satisfaits de ce mode de prise en charge. La qualité de vie était globalement maintenue.

Même si l’intérêt de cet article est évident, on doit, nous semble-t-il, se poser plusieurs questions à propos de cette modalité de prise en charge :

-       Quel est le pourcentage de patients qui ont accepté l’administration à domicile ?  Lorsqu’on lit qu’il a fallu 9 centres pour recruter 52 patient en près d’un an, on imagine que ce pourcentage doit être très bas.

-       Quel était l’entourage de ces patients ? Étaient-ils seuls à leur domicile lorsque le traitement a été administré ? Vivaient-ils globalement seuls ou vivaient-ils en couple ?

-       Comment la prise en charge médicale des symptômes de ces patients, dont on sait qu’elle a un impact important sur la qualité de vie et même la durée de la vie (/prev-em-onco/2722, /prev-em-onco/2129, /lassociation-sunitinib-et-erlotinib-fait-elle-mieux-que-le-seul-erlotinib) était elle organisée ? Y a-t-il une détection des symptômes par l’infirmière précédant une consultation médicale ? Si oui, avec quelle fréquence une consultation médicale a-t-elle suivi a visite de l’infirmière ?

-       Comment les évaluations tumorales étaient-elles effectuées ?

-       Comment le temps médical probablement passé à la gestion téléphonique de ces patients était il comptabilisé ?

-       Enfin, quel était l’impact médico-économique d’une telle prise en charge ?

Les auteurs nous disent en conclusion qu’une harmonisation européenne est souhaitée. La réponse à ces questions et probablement d’autres études nous paraissent un préalable nécessaire.