European Journal of Cancer

Faut-il ajouter une chimiothérapie avant ou après une radiothérapie : le résultats d’une étude française.

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
décembre 2015

Radiothérapie / Radiofréquence, Traitement des stades III

Le traitement actuel de référence des cancers bronchiques non à petites cellules de stades III non résécables est la chimioradiothérapie concomitante qui, dans des essais randomisés, a été démontrée comme étant supérieure à l’association séquentielle de chimiothérapie puis radiothérapie qui elle même a été démontrée comme étant supérieure à la radiothérapie exclusive. 

Peut-on améliorer les résultats de la chimioradiothérapie ? C’est la question que pose cet essai randomisé de phase II, conçu au début des années 2000 et dont l’investigateur principal est Pierre Fournel. Les centres du GFPC et de l’IFCT pouvaient y inclure des cancers bronchiques non à petites cellules de stade IIIA ou IIIB non résécables, qui ne devaient avoir ni épanchement pleural, ni ganglion sus-claviculaire.

Les patients étaient randomisés entre :

- un traitement d’induction par une chimiothérapie associant cisplatine (80 mg/m2) et paclitaxel   (200 mg/m2) pendant 2 cycles (J1=J22) précédant une chimioradiothérapie associant :

- une radiothérapie à la dose totale de 66 GY en 33 fraction

- et une chimiothérapie par cisplatine (80 mg/m2) et vinorelbine (15 mg/m2), J1=J22.

- et un traitement de consolidation avec la même chimioradiothérapie suivie de la même chimiothérapie. 

Les objectifs de l’essai étaient la comparaison de la réponse et la toxicité.

Cet essai ouvert en 2002 a été fermé en 2010, après que 132 patients provenant de 35 institutions aient été inclus. Cinq d’entre eux étaient inéligibles.

Les caractéristiques des patients des deux groupes étaient réparties de façon identique.

Respectivement 66 et 71 % des patients des deux groupes ont reçu le traitement qu’il devait recevoir. La toxicité hématologique a été sensiblement la même dans les deux groupes. Il n'y avait qu'un cas de toxicité rénale dans les deux groupes. Les œsophagites  ont été plus fréquentes dans le bras consolidation que dans le bras induction (17 vs 12 %).

Les taux de réponse sont indiqués sur le tableau ci-dessous. Ils ne différaient pas, pas plus que les données de survie :

 

Induction (n=64)

Consolidation (n=63)

Taux de réponse (%)

58

56

PFS médiane (mois) 

9,7

8,2

Survie médiane (mois)

19,6

16,3

Taux de survie à un an (%)

70

59

Taux de survie à 4 ans (%)

21

30

Cette étude est donc négative.  Des données assez comparables avaient été apportés en 2005 par l’étude de phase II non comparative de Belani (en accès libre sur http://jco.ascopubs.org/content/23/25/5883.long) ou par l‘étude de Berghmans publiée en 2009 (http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/18804894).   

La chimioradiothérapie reste donc le standard de traitement des cancers bronchiques non à petites cellules non opérables de stade III. 

Reference

Induction or consolidation chemotherapy for unresectable stage III non-small-cell lung cancer patients treated with concurrent chemoradiation: a randomised phase II trial GFPC – IFCT 02-01

Fournel P, Vergnenégre A, Robinet G, Léna H, Gervais R, Le Caer H, Souquet PJ, Chavaillon JM , Bozonnat MC , Daurès JP ,

Chouaid C, Martel-Lafay I

European Journal of Cancer 2016 ; 52 : 181–187 Published online: December 12 2015

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