Journal of Thoracic Oncology

Faut-il engager une radiothérapie chez un patient intubé ?

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
novembre 2013

Radiothérapie / Radiofréquence, Soins intensifs

Engager une radiothérapie chez un patient intubé qui séjourne en réanimation n’est pas facile et il n’est même pas certain que, si c’est réalisable,  ce soit réellement utile.

Cette étude rétrospective monocentrique anglaise a recensé tous les patients admis en réanimation de 2000 à 2011 et pour les quels l’indication d’une radiothérapie a été portée. Quatre vingt deux patients ont été identifiés pour cette revue. Parmi eux, seulement 26 avaient les critères d’inclusion pour cette étude : séjour en réanimation et nécessité d’une radiothérapie du fait d’une obstruction maligne des voies aériennes. L’objectif primaire était de définir la durée de vie sans qu’il soit besoin de réintuber  le patient. Les objectifs secondaires étaient le temps jusqu’à la sortie de réanimation et le temps de sortie de l’hôpital.

L’âge moyen des patients était de 66 ans. Presque tous avaient un cancer bronchique primitif. La majorité des patients étaient des hommes. Près des deux tiers avaient une histoire de bronchite chronique. Il y avait des hémoptysies une fois sur cinq. Plus de la moitié des tumeurs étaient des tumeurs de stade IV.

Au total 7 patients ont pu être extubés (27 %). Ces extubations ont eu lieu entre 4 et 22 jours après le début de la radiothérapie. Aucun facteur clinique n’était prédictif du succès de l’extubation. Un seul facteur était lié au succès de l’extubation, à la limite de la significativité : la dose de radiothérapie.

Chez trois patients la radiothérapie a été efficace pour le contrôle des hémoptysies.

La durée de survie a été médiocre avec une médiane de 0,36 mois et seulement 11% des patients ont dépassé six mois. L’analyse dans un modèle de Cox a montré une relation entre la dose de radiothérapie et la survie (HR : 0,74 (0,57-0,94)).  

Chez un patient qui présentait un lymphome, une chimiothérapie a pu être débutée après l’extubation. Ce patient a survécu environ 10 ans.

On peut retenir de cette étude,  certes que la survie médiane est très médiocre, mais qu’il y a néanmoins, chez certains malades, un bénéfice non négligeable, parfois même très prolongé.

Les auteurs concluent cet article en disant que, chez les patients pour les quels une désobstruction endoscopique n’est pas possible, une discussion avec un radiothérapeute est nécessaire.

A noter en tout cas que cette situation n’est pas fréquente : 26 cas ont été réunis en plus de 10 ans dans un centre tertiaire qui couvre une population de 1,5 million de personnes. 

Reference

Radiotherapy for intubated patients with malignant airway obstruction: futile or facilitating extubation?

Louie AV, Lane S, Palma DA, Warner A, Cao JQ, Rodrigues GB.

J Thorac Oncol 2013; 8 : 1365-70.

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer