Journal of Thoracic Oncology

Faut-il proposer une chimiothérapie adjuvante aux malades opérés d’un carcinome neuroendocrine à grandes cellules de stade I ?

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
mai 2018

Traitement péri-opératoire, Tumeurs neuro-endocrines

Parce qu’une étude rétrospective a montré que la chimiothérapie adjuvante prolongeait la survie des patients opérés d’un cancer bronchique à petites cellules de stade pT1-2 N0 M0 (cliquer ici), les auteurs de cette étude ont voulu se poser la même question pour les carcinomes neuroendocrines à grandes cellules. Une seule étude s’est intéressée à cette question (cliquer ici pour un accès gratuit). Cette étude monocentrique japonaise avait une méthodologie très discutable  puisqu’elle comparait la survie de seulement 15 patients porteurs de carcinome neuroendocrine à grandes cellules opérés et recevant un traitement adjuvant par cisplatine et étoposide à celle de patients, issus d’une série historique, qui avaient été uniquement opérés : la survie des patients qui avaient reçu une chimiothérapie adjuvante était significativement supérieure. 

L’étude publiée ici est aussi une étude rétrospective mais qui est multicentrique et qui porte sur un nombre très important de malades issus de la National Cancer Data Base américaine qui recueille les données d’environ 70% des patients atteints de cancer aux USA. Dans cette base de données ont été identifiés les patients opérés d’un carcinome neuroendocrine à grandes cellulesde stade I et R0 en pTNM.  

Son objectif principal  était d’objectiver une différence de survie à 5 ans entre les patients traités par chirurgie et chimiothérapie et ceux  traités par chirurgie exclusive. Les auteurs ont effectué une analyse multivariée prenant en compte l’âge, le sexe, l’origine ethnique, le grade tumoral, la taille de la tumeur, le nombre de ganglions examinés, les revenus, le niveau d’éducation, le type d’établissement et l’année du diagnostic.  Une analyse par les scores de propension a été également réalisée. 

Sur 1984 patients opérés  d’un carcinome neuroendocrine à grandes cellulesde stade I entre 2004 et 2013, 1232 étaient éligibles pour cette étude et ont donc été inclus. Les 3/4 ont été simplement opérés et le dernier quart ont reçu une chimiothérapie adjuvante, il s’agissait de patients qui avaient des tumeurs significativement plus volumineuses 30 vs 23 mm, p<0,001).

Les résultats sont montrés sur le tableau ci-dessous :

 

 

Chimiothérapie et chirurgie

Chirurgie

p

Taux de survie à 5 ans (%)

Stades I

64,5

48,5

 

Stades IA

59,4

50 ,4

 

Stades IB

68,7

44,7

 

Analyse multivariée 

HR (95% CI)

Stades I

O,54 (0,43-0,68)

<0,001

Stades IA

O,64 (0,46-0,89)

0,008

Stades IB

O,46 (0,33-0,64)

<0,001

Scores de propension

HR (95% CI)

Stades I

0,58 (0,45-0,76)

<0,001

Stades IA

0,63 (0,43-0,92)

0,08

Stades IB

0,55 (0,38-0,79)

0,001

On voit sur ce tableau que la survie était significativement améliorée chez les malades qui ont reçu une  chimiothérapie adjuvante en analyse multivariée et après ajustement par le score de propension. En analyse multivariée l’âge élevé, la taille de la tumeur, le score de Charlson et le type de résection étaient les principaux facteurs qui étaient aussi liés à la survie.

Cette étude est limitée par le fait qu’elle est rétrospective et parce qu’on ne trouve pas certaines informations pourtant importantes telles que le PS, le type de chimiothérapie ou la toxicité de celle-ci. Néanmoins, parce que cette étude rétrospective porte sur un nombre important de malades elle devrait permettre de guider notre attitude  actuelle, en l’absence d’autres données. Il nous semble donc qu’à la suite de cette étude il soit difficile de ne pas proposer à ces malades – et au moins pour ceux qui ont un stade IB pour lesquels la réduction du risque de décès à 5 ans est particulièrement importante – une chimiothérapie adjuvante 

 

  

 

Reference

The Role of Systemic Therapy in the Management of Stage I Large Cell Neuroendocrine Carcinoma of the Lung.

Kujtan L, Muthukumar V, Kennedy KF, Davis JR, Masood A, Subramanian J.

J Thorac Oncol2018; 13 : 707-714

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