Lung Cancer

Fréquence des pneumopathies aux inhibiteur de la tyrosine kinase de l'EGFR chez plus de 15000 patients traités.

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
septembre 2018

Thérapeutique ciblée, EGFR, Effets secondaires des médicaments

Depuis les premières observations de pneumopathies au gefitinib décrites au Japon en 2003, de nombreux autres cas ont été rapportés causés par le gefitinib, puis par les autres inhibiteurs de la tyrosine kinase de l’EGFR, notamment  l’erlotinib ; l’afatinib et l’osimertinib.  Cependant l’incidence de ces pneumopathies n’a été bien étudiée que sur des populations japonaises et le but de cette méta-analyse est de préciser, à partir des études cliniques publiées, l’incidence de ces pneumopathies et leurs caractéristiques cliniques.

Une analyse systématique de la littérature a été réalisée pour identifier les essais cliniques comportant un inhibiteur de la tyrosine kinase de l’EGFR : 144 essais ont été identifiés à partir de l’examen de 1764 articles. Parmi ces essais, certains avaient étudié plusieurs inhibiteurs de la tyrosine kinase de l’EGFR de sorte que 153 cohortes comprenant au total 15714 patients ont été finalement éligibles à cette méta-analyse. 

Pour 136 de ces 153 cohortes, il n’y avait pas d’exposition antérieure à un inhibiteur de la tyrosine kinase de l'EGFR alors que 1231 patients de 17 cohortes avaient reçu préalablement un tel traitement. 

Parmi ces 136 cohortes dans lesquelles les malades n‘avaient pas reçu d’inhibiteur de la tyrosine kinase de l'EGFR précédemment :

  • Dans 75 (55%), les patients étaient traités par l’erlotinib,
  • Dans 53 (36%), ils étaient traités par gefitinib, 
  • Et dans 8 , ils étaient traités par afatinib,   

Parmi les 17 cohortes dans lesquelles les patients avaient reçu un inhibiteur de la tyrosine kinase de l'EGFR antérieurement, 6 exploraient l’erlotinib, 4 le gefitinib, 5 l’afatinib et 2 l’osimertinib. 

Incidence des pneumopathies chez les malades qui n’avaient pas reçu antérieurement de inhibiteur de la tyrosine kinase de l'EGFR 

L’incidence globale des pneumopathies de tous grades était de 1,12% et de 0,20% pour les pneumopathies ayant entrainé le décès. 

L’incidence globale et l’incidence des pneumopathies de grade 5 étaient plus élevées au Japon que dans les autres pays (y compris les autres pays asiatiques). En analyse multivariée ce facteur était le seul qui soit significatif. Ni le type d’inhibiteur de la tyrosine kinase ni la ligne de chimiothérapie ne l’étaient. 

Incidence des pneumopathies chez les malades qui avaient reçu antérieurement de inhibiteur de la tyrosine kinase de l'EGFR 

Cette incidence était très proche de celle des patients non antérieurement traités puisque l’incidence globale des pneumopathies de tous grades était de 1,13% et de 0,16% pour les pneumopathies ayant entrainé le décès. 

C’est avec l’osimertinib que l’incidence a été le plus élevée à 3 ,01% mais les effectifs n’ont pas permis la comparaison. 

Cette étude montre donc que le taux de pneumopathie de tous grades est de respectivement de 1,12% et 1,13% chez les malades non antérieurement traités ou antérieurement traités par inhibiteurs de la tyrosine kinase et que les taux de décès imputables à ces pneumopathies sont respectivement de 0,20 et 0,16%. On est très loin des chiffres japonais de 4,77% et 1% qui sont significativement plus élevés que ceux observés dans le reste du monde. Les limites de cette étude sont liées au fait que cette une méta-analyse est réalisée à partir d’études très hétérogènes mais il n’en reste pas moins que ces chiffres permettent de relativiser la fréquence de ces événements secondaires rapportés au traitement qui sont nettement moins fréquents qu’on le pensait il y a 15 ans. 

 

 

 

Reference

Pneumonitis in advanced non-small-cell lung cancer patients treated with EGFR tyrosine kinase inhibitor: Meta-analysis of 153 cohorts with 15,713 patients: Meta-analysis of incidence and risk factors of EGFR-TKI pneumonitis in NSCLC.

Suh CH, Park HS, Kim KW, Pyo J, Hatabu H, Nishino M.

Lung Cancer 2018; 123 : 60-69

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer