Journal of Thoracic Oncology

Risques et toxicités des inhibiteurs de la tyrosine kinase de l’EGFR : une méta-analyse

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
avril 2017

Thérapeutique ciblée, Traitement des stades IV, EGFR, Effets secondaires des médicaments

Les mutations activatrices de l’EGFR peuvent actuellement faire l’objet de traitements ciblés de première (gefitinib ou erlotinib) ou deuxième génération (afatinib). Au-delà de la polémique qui a pu naitre concernant la susceptibilité supposée meilleure de telle ou telle mutation vis-à-vis de telle ou telle molécule, c’est bien souvent le profil de toxicité attendu qui va guider le choix du prescripteur.

Cette méta-analyse propose de comparer les risques de survenue des principales toxicités (toxicités de cette classe médicamenteuse) en fonction de ces trois molécules. Au total 2535 patients issus de 16 essais ont été inclus, pour la plupart EGFR mutés mais pas seulement. Comme cela est connu, les décès toxiques imputables aux EGFR TKI sont rares mais représentent tout de même 1.7%, le plus souvent par pneumopathies interstitielles.  Ce risque est de 2.3% avec le gefitinib, 0.8% avec l’erlotinib et 1.1% avec l’afatinib (absence de différence significative entre les 3 TKI).

Bien sûr, on ne va pas détailler chaque effet secondaire pour comparer le rôle de chaque molécule (disponible dans la publication pour ceux qui le souhaitent), mais de façon générale,  concernant les effets de grades 3 et 4, on retrouve moins de toxicité avec le géfitinib par rapport à l’erlotinib (RR=0.54, p<0.01) ou à l’afatinib (RR pour afatinib =1.45, p<0.01). On retrouve également moins d’effets adverses de grade 3 ou 4 avec afatinib qu’avec erlotinib (RR=0.78, p<0.01). Néanmoins, il n’existe aucune différence, quelle que soit la comparaison entre TKI, en ce qui concerne les arrêts de traitements (tableau ci-dessous :)

 

Afatinib vs Gefitinib

Afatinib vs Erlotinib

Gefitinib vs Erlotinib

 

RR (95%CI)

RR (95%CI)

RR (95%CI)

Décès toxiques

0,46 (0,18-1,18)

1,41 (0,38-5,23)

3,08 (1,08-8,72)

Evénements de grade 3/4

1,45 (1,26-1,66)

0,78 (0,69-0,88)

0,54 (0,48-0,60)

Arrêts de traitement

1,08 (0,75-1,55)

1,16 (0,78-1,71)

1,08 (0,78-1,49)

Cette méta analyse est très intéressante et va à l’encontre d’un certain nombre d’idées reçues concernant ces trois molécules disponibles dans notre arsenal thérapeutique. Bien sûr, elle n’apporte pas de réponse définitive à même de déterminer notre choix futur de molécule une bonne fois pour toute, mais au contraire, les auteurs complètent leur travail en proposant un outils combinant pour chaque molécule des sortes de courbes de niveaux symbolisant le niveau de toxicité de grade 3 et 4 attendu par rapport à la PFS espérée, afin d’aider le clinicien à faire son choix en fonction des caractéristiques de chaque patient et des objectifs particuliers que le médecin ou le patient souhaitent privilégier.

 

 

Reference

Risk of Treatment-Related Toxicities from EGFR Tyrosine Kinase Inhibitors: A Meta-analysis of Clinical Trials of Gefitinib, Erlotinib, and Afatinib in AdvancedEGFR-Mutated Non-Small Cell Lung Cancer.

Ding PN, Lord SJ, Gebski V, Links M, Bray V, Gralla RJ, Yang JC, Lee CK.

J Thorac Oncol  2017; 12 : 633-643

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